L’ancien président Ratsiraka garde une « aura » que ses rivaux politiques actuels ne peuvent égaler. Le prestige de celui que ses partisans appellent familièrement « Deba » n’a pas pâli malgré sa longue traversée du désert. L’Arema n’a pas encore trouvé de successeur qui puisse le remplacer.
L’aura de « Deba » toujours intact
Il a impressionné les grands chefs d’Etat qu’il a côtoyés lorsqu’il dirigeait Madagascar d’une main de fer dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Didier Ratsiraka a été une des grandes figures de ce Tiers-Monde qu’il voulait ériger en force pouvant tenir tête aux deux grands blocs existant durant la guerre froide. L’homme n’a hélas pas pu rester au pouvoir après le mouvement populaire de 1991, mais il a réussi le tour de force de revenir à la tête de l’Etat après les années d’instabilité de la présidence de Zafy Albert. Obligé de s’exiler après le bras de fer électoral engagé avec Marc Ravalomanana, il a participé au renversement de ce dernier en 2009. Il s’avouera déçu de la manière dont Andry Rajoelina dirigera le pays durant une transition qui mènera la nation au plus bas. Il ne se départira jamais de cette clairvoyance et de cette vision stratégique qui le caractérisent. Il est un véritable homme d’Etat et il ne cessera jamais depuis son retour au pays de prodiguer ses conseils éclairés aux dirigeants. Il reste le « leader » naturel de l’Arema qui compte encore de nombreux militants. Sa fille Annick est devenue secrétaire administratif du parti, laissant le secrétariat général à son père qui en reste la figure tutélaire. Sa popularité s’est vérifiée lors d’un déplacement à Mahajanga dans le cadre de la célébration du 40e anniversaire du parti. Son prestige est intact et les militants de la jeune génération ne jurent que par lui. Certains se prennent à rêver de le voir se présenter à la présidentielle de 2018. Néanmoins, l’homme ne s’abaissera pas à participer aux joutes politiques dégradantes qui ont lieu en ce moment. Il est plutôt un « raiamandreny » qui peut encore jouer un grand rôle auprès des dirigeants de ce pays.
Patrice RABE