Les politiciens lorgnent déjà vers les élections présidentielles de 2018. L’enjeu est de la plus grande importance parce qu’elles ne peuvent plus ne pas être démocratiques. Apparemment, en deux ans à la tête du pays, Hery Rajaonarimampianina a réussi à renforcer l’ordre constitutionnel. Bien qu’il reste encore à améliorer dans leur organisation et leur suivi, les élections communales et municipales ainsi que les sénatoriales ont stimulé les penchants de la classe politique en faveur de la démocratie. Les tentatives de déstabilisation ont fini par échouer faute de soutien. La population n’est plus favorable à revenir dans une situation de crise plus grave que maintenant alors que le pays peine à en sortir.
L’avenir moins sombre
Malgré le poids des difficultés, la normalisation progressive de la vie de la nation est une réalité depuis la fin de la période de transition. Certes, les attentes sont loin d’être comblées. L’ampleur du chômage est encore très grave. La reprise de l’AGOA a permis de soulager quelque peu la situation. Mais l’Etat gagnerait à encore améliorer l’environnement des affaires pour attirer les investisseurs et les capitaux étrangers afin de favoriser les emplois. Le pouvoir d’achat ne cesse de diminuer pour la majorité au point d’assister avec impuissance à l’augmentation du coût de la vie. Les images sont terrifiantes dans la capitale à quelques mois des sommets de la Comesa et de la Francophonie que le pays abritera. Des enfants de plus en plus nombreux qui mendient dans les rues. Des adultes qui fouillent les ordures pour trouver à manger. Des sans-abris qui dorment dans les tunnels la nuit. Dans d’autres régions, le Sud en particulier, le «kéré» fait des ravages. La pauvreté reste le plus grand des combats à mener mais les performances contre elle sont- elles réellement à la hauteur des attentes ? Le président Hery Rajaonarimampianina qui commence la troisième année de son mandat envisage d’appuyer sur l’accélérateur sur le plan économique. Les réalisations d’infrastructures pour recevoir les invités des sommets entrent dans cet objectif. Il reste beaucoup à faire, entend-on dire, devant les chantiers qui commencent. Mais, il faudra s’attaquer à des problèmes de fond et engager des réformes pour avoir des résultats. Des observateurs estiment que la volonté n’est pas encore assez forte dans la lutte pour la bonne gouvernance, contre la corruption et les trafics. Ils ne cachent pas leur inquiétude devant la montée du corporatisme pour affaiblir les efforts d’assainissement. Mais quoi qu’il en soit, l’avenir est moins sombre qu’il y a quelques années. La mise en place des institutions, bientôt le Sénat, est un grand pas vers le renforcement de la République. Les politiciens s’orientent vers la démocratie. Plusieurs d’entre eux se préparent déjà pour la compétition électorale de 2018.
Zo Rakotoseheno