Rado Rabarilala, le pilote syndicaliste meneur de grève à Air Madagascar a obtenu hier après déferrement la liberté provisoire délivré par le juge d’instruction du tribunal. Son arrestation a créé un mouvement de solidarité exemplaire de nombreux syndicats de travailleurs pour sa libération immédiate et sans condition. La grève continue dans cette compagnie nationale. Des vols sont annulés. Hier ce fut celui de Tana-Paris. Des passagers ont dû être transférés sur Air France pour joindre la capitale française.
Le bras de fer continue
Les pertes de la Compagnie sont énormes au point de penser quand s’arrêtera sa descente aux enfers. La direction générale d’Air Madagascar a indiqué les dépenses pour la prise en charge de 3674 passagers en souffrance ont coûté à la compagnie près de 220 millions d’Ariary, en plus des pertes de 500 000 dollars par jour depuis maintenant trois semaines. Il est certain que la démission de quelques responsables et leur remplacement ne suffiront pas pour relancer Air Madagascar. Soigner la Compagnie n’est pas affaire d’une journée. Il faudra beaucoup de temps pour qu’agissent efficacement les vrais remèdes qui seront apportés aux maux profonds de la société. Mais encore faut-il commencer par trouver les moyens financiers pour combler le déficit actuel de la Compagnie. Où en sont les négociations. Le ministre des Transports se dit ouvert au dialogue. Les grévistes qui ont intensifié leur mouvement depuis que l’un des leurs a été arrêté et son domicile perquisitionné demandent à être reçu par le président de la République. C’est à ce nouveau qu’ils veulent négocier la démission de plusieurs responsables et l’arrêt des poursuites et des intimidations à l’encontre des syndicalistes et des grévistes de la Compagnie. Cette affaire Air Madagascar fait couler beaucoup d’encre et retient l’attention du public. Le gouvernement est qualifié d’incompétent dans l’opinion parce qu’il n’arrive pas à résoudre les problèmes d’Air Madagascar. Il perd surtout du crédit au niveau des députés de l’Assemblée nationale, qui d’après les bruits qui circulent seraient en train de recueillir des signatures en faveur du dépôt d’une motion de censure dans les prochains jours. En d’autres termes, le bras de fer entre Exécutif et Législatif n’est guère fini. Les députés n’ont pas eu raison du président de la République, mais il dispose encore d’une arme favorite, la motion de censure pour faire tomber le gouvernement et proposer un nouveau Premier ministre. Les problèmes s’accumulent et risquent de faire tâche d’huile. Les solutions sont imperceptibles et sont loin de répondre aux attentes. Le pacte de responsabilité est attendu mais la volonté de se rapprocher pour le faire n’est toujours pas au rendez-vous.
Zo Rakotoseheno