
C’est au cours du XVIe siècle qu’un grand nombre de Malgaches sakalava s’établissent dans le sud de Mayotte. Dès cette période, coexistèrent dans l’île un peuplement arabo-shirazi au nord et un peuplement sakalava dans le sud, le tout sur fond d’origine africaine. C’est ce qui explique pourquoi les habitants de nombreux villages comoriens parlent encore aujourd’hui une langue malgache, notamment à Mayotte avec le sakalava; ces langues appartiennent à la famille austronésienne. À partir du milieu du XVIIIe siècle, les quatre îles des Comores furent victimes de razzias organisées par des pirates malgaches. Ces incursions affaiblirent les îles et poussèrent les sultans locaux à rechercher la protection des grandes puissances de l’époque: la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne.
Entre le XVIe et le XIXe siècle, comme ce fut le cas un peu partout dans l’océan Indien et aux Antilles, l’archipel des Comores fut le théâtre du commerce des esclaves. Déjà, au XIIe siècle, les Arabo-Shiraziens pratiquaient l’esclavage et c’est d’ailleurs avec leurs esclaves qu’ils arrivèrent aux Comores. Plus tard, les Européens allèrent chercher leur main-d’œuvre sur la côte Est du continent africain, notamment chez les Africains d’origine bantoue et les Malgaches.
Tout au long du XIXe siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale, le commerce dans le canal de Mozambique a été essentiellement animé par des communautés islamisées, principalement « karana » , swahili, comoriens et antalaotra . Ces populations occupent une place prépondérante dans les échanges entre Madagascar et l’Afrique orientale au XIXe siècle . Il convient de détailler leur mainmise sur le commerce maritime pour mieux saisir les modalités de transport des marchandises, des hommes, des idées, et même des maladies. L’étude des moyens de communication qui ont mis en contact les différents points des côtes malgaches et africaines complète fort bien les approches qui tendent à mettre en avant les connexions culturelles, commerciales, qui unissent les deux rivages du canal de Mozambique au sein d’un même système régional. Les ports, qui constituent les principaux centres de cette région, sont autant de points reliés par des routes maritimes, véritables artères de communication, qui structurent et offrent une unité à cet espace. Le boutre, vecteur de ce trafic, constitue un des éléments caractéristiques de l’identité de l’Ouest de l’océan Indien.
À Mayotte, les Malgaches forment la minorité la plus importante, leur langue maternelle est un parlé sakalava que les mahorais appellent le kibushi ou bushi, les malgachophones sont dispersés sur l’ensemble de l’île et ils parlent généralement le mahorais et le français comme langue seconde. C’est la seule langue malgache implantée hors de Madagascar.
Recuillis par Iss Heridiny