La dénonciation de l’instrumentalisation de la société civile par la classe politique faite par le SEFAFI remet en perspective, le véritable rôle de ces organisations devant relayer les préoccupations des citoyens. C’est une interpellation pour ne pas dire un coup de semonce qui devrait amener ces dernières à reconsidérer la démarche adoptée ces derniers temps et qui finissait par servir de caution au pouvoir politique désireux de faire adopter ses projets de loi au parlement dès que l’opinion y trouve à redire.
Le coup de semonce du SEFAFI à la société civile
Pour de nombreux analystes, l’attitude adoptée par le régime ces derniers mois est d’une grande habileté. Ses stratèges poursuivent un seul objectif : trouver des stratagèmes pour assurer la victoire de leur candidat à l’élection présidentielle. L’idée d’un référendum constitutionnel avait été lancée, mais devant la levée de bouclier qu’elle avait provoquée, elle fut abandonnée. Les membres de la société civile avaient contesté l’initiative avec véhémence et il a fallu au pouvoir adopter une nouvelle démarche. Le remplacement d’Honoré Rakotomanana par Rivo Rakotovao, l’homme fort du HVM à la présidence du sénat s’est fait sans aucune contestation des membres de la chambre haute. Le problème de l’intérim du président sortant étant ainsi résolu, il fallait arriver à s’attaquer au code électoral. Les interpellations des membres de la société civile ont empêché un passage en force. Les dirigeants ont habilement proposé une concertation, et ont affirmé que le dialogue était ouvert. Les organisations de la société civile et les personnalités de l’opposition ont saisi la balle au bond et ont avancé leurs propositions. Mais ils se sont vite aperçus qu’il n’en était tenu aucun compte et que les projets de loi électorale élaborés par le gouvernement étaient déjà prêts. Ils ont été adoptés lors d’un conseil de ministre et lors du « team building » de cette semaine, les dernières retouches ont été faites sur les textes. Ils seront présentés lors d’une session extraordinaire de l’assemblée. Le Premier ministre a aujourd’hui beau jeu de dire qu’un véritable dialogue a eu lieu. Comme l’assemblée n’est qu’une chambre d’écho du pouvoir, ces lois devraient être adoptés sans aucun problème. La société civile qui a voulu jouer le jeu va être mise devant le fait accompli. C’est ce que le SEFAFI constate avec amertume aujourd’hui.
Patrice RABE