Le crâne de l’Ampanjaka Toera : Toujours en France !

30 août 1897-30 août 2024, cela fait 124 ans. Mauvais souvenir pour les Malgaches, et les Sakalava du Menabe en particulier. Le brave souverain Toera, qui a lutté contre l’installation française, a été décapité par les colonisateurs. Une sanction punitive et exemplaire, pour dire à ses sujets, « Voyez-vous, nous tenons le chef de votre royaume ? ». Par ailleurs, la capitulation de Belo-s-sur-Tsiribihina n’a guère affaibli les Sakalava qui occupaient la partie occidentale de la Grande-île. Malgré l’éloignement géographique, le bruit courait aussi vite qu’on ne le pensait, à cette époque. La région d’Ambongo était, elle aussi, un théâtre d’affrontement entre les soldats français et un autre monarque sakalava, Marify. Ayant appris tardivement le sort de son frère, ce personnage oublié de l’histoire a su également tenir tête aux Vazaha envahisseurs en mobilisant ses soldats. En 1898, ses hommes contrôlent les bassins d’Andranomavo. Il a fallu attendre un an pour les déstabiliser… La résistance contre les Français ne se résume pas qu’aux Menalamba. L’hardiesse exceptionnelle de Toera doit absolument être introduite dans le programme scolaire. Néanmoins, son histoire a fait couler beaucoup d’encre ces quatre dernières années. Il a osé dire « non » à la colonisation, bien avant les Ralaimongo et les élites malgaches. Il pourrait même être la source de leur inspiration…

Sans suite

Jusqu’ici, son crâne est toujours à Paris, bien que des négociations aient été faites en vue de restituer le patrimoine national… Deux ministres se sont succédé, la première avait pris l’initiative en effectuant une démarche de rapatriement du crâne de l´ampanjaka Toera. Reçus par le directeur du musée de l’Homme-Museum National d’Histoires Naturelles, le 24 novembre 2021, Lalatiana Rakotondrazafy et son équipe ont été les premiers à réclamer ce qui revient de droit aux Malgaches. Cependant, elle s’est fait remplacer par un autre. Celui-ci a quand même rassuré qu’il allait continuer sur la voie de sa prédécesseure. Mais, deux mois après sa nomination, monsieur a pris un virage le menant vers le siège de l’Assemblée nationale. Actuellement, une autre figure apparaît à la tête du département de la Communication et de la Culture. Bon nombre d’observateurs attendent une déclaration de sa part. Affaire à suivre.

Iss Heridiny