Antsiranana, la ville a fait parler d’elle la semaine dernière. Les réalités longtemps dissimulées ont été révélées au grand jour. Des faits ont été lancés sur la toile. Ils ont eu l’effet d’une bombe. Le gouvernement central a été obligé d’envoyer un exécutant pour voir la situation de près. Des soucis qui ne datent pas d’aujourd’hui.
L’Université d’Antsiranana, ce cerveau de la grande ville du nord, siège de la faculté de la pensée, n’arrive plus à réfléchir convenablement, car son environnement est totalement malsain où les rats et les puces cohabitent avec les futurs cadres. Ainsi va la vie. Alors, les images publiées en direct sur Facebook lors de la visite des autorités locales ainsi que du président de l’Association Natifs de la Province d’Antsiranana il y a deux semaines ont provoqué un mécontentement des citoyens malgaches, en particulier de la population locale. Cela n’a pas laissé indifférent le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique fraîchement nommé, le 14 janvier, le Dr Andriamanantena Razafiharison. Une fois sur le lieu, il a réuni les enseignants, les intendants de la région et surtout les présidents des associations des étudiants. Le dossier semble brûlant, mais il est de son devoir de suggérer des solutions durables. Vue de l’extérieur, la tension a semblé s’être apaisée durant son séjour. Serein, il a géré le conflit, et a pris ses responsabilités.
Pour leur part, les habitants de la ville du Pain de sucre demeurent sceptiques. D’après eux, le Ministre n’a pris aucune résolution. « Il est venu et est parti. Nous ne savons rien de sa visite. La télé en parle peu », s’exprime le père d’un étudiant. Effectivement, la télé et la radio n’en ont presque pas parlé, car le samedi 2 mars dernier, une réunion s’est déroulée à la Résidence Place Kabary durant laquelle monsieur le ministre, les représentants de la Région, les responsables de l’UNA et les leaders des associations des jeunes universitaires ainsi que les journalistes locaux se sont donné rendez-vous. Cependant, ces derniers ont été priés de sortir de la salle. Mal à l’aise, ces personnels de l’information ont quitté la demeure du Gouverneur avec un air froissé. Un état de chose qui a également fait le buzz sur Facebook. En guise d’explication, l’équipe du département ministériel a évoqué « une réunion de travail administratif ». Le dialogue ne devrait pas encore être diffusé. Donc, il faut laisser un laps de temps au ministre pour qu’il puisse formuler ses dires, et passer à une séance d’information destinée aux journalistes pour faire le point sur le sujet.
Sous un autre angle, la visite du Dr Andriamanantena Razafiharison est plutôt claire. Les 100 jours sont comptés. Il s’est engagé en levant sa main droite le jour de sa nomination. Quoi qu’il en soit, il doit composer avec les complications qui se sont empilées. Le mettre sur la sellette serait une véritable aberration. Il s’est donné la peine de se jeter sur un terrain glissant. D’ailleurs, telle est sa mission ! Par ailleurs, cet anthropologue de formation a tout de même effectué une petite observation participante pendant 48 heures.
Bref, entre gestion de conflits et pose de la première pierre, le numéro Un du département de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique avait un programme assez chargé. Apparemment, il a intérêt à ne pas griller… le pain sur la planche !
Iss Heridiny