Depuis le mois de décembre 1946, une révolte a été organisée dans le nord de l’île. L’objectif était de libérer Madagascar sous la domination française. Mais, elle est rapidement contrôlée par les autorités locales. Par conséquent, bon nombre de nationalistes de la région se sont fait arrêter. Cette répression ne décourage pas les autres, ils prennent le relais et déclenchent une autre insurrection.
Comme toutes les villes de Madagascar, un soulèvement a été prévu le 29 mars 1947 dans le Nord de l’île. Des informations ont circulé dès le 24 mars par les membres de la société secrète « Jina » dirigée par Joël Sylvain à Diégo-Suarez et ses environs. Malgré les préparations de ces militants, l’insurrection a été avortée.
Un plan d’attaque timidement organisé. Les membres du « Jina » ont élaboré un plan d’attaque dont 9 zones stratégiques de la ville d’Antsiranana sont concernées : pyrotechnique ; Sakaramy ; Joffre-ville ; Oreangea ; camps Mehouas ; Andranobozaka, Marine Nationale ; direction d’artillerie, Lazaret. En fait, ces zones sont les garnisons françaises dans la région
Chaque secteur est dirigé par des anciens militaires malgaches comme le sergent Maporisa, le sergent-chef Randevo, l’adjudant Bola, le caporal Eugène Jaotombo, le sergent Danisaona et le Sergent-chef Théodore Rabe.
Selon le plan, vers 22h rassemblement de 1500 participants vers la route d’Anivorano. Ensuite ils pilleront le magasin d’armes de Lazaret (un quartier à Diégo-Suarez) vers 23h. Après, les insurgés se donneront rendez-vous au Stade Municipal pour distribuer les armes. En cas de succès, le comité directeur doit lancer un appel à la radio pour annoncer la prise de la ville et proclame l’indépendance.
Vers 23h, rassemblement des environs d’Antsahasifotra (Nord-Est de la Montagne d’Ambre) de 300 hommes armés de sagaies. Puis, ils vont piller les magasins d’armes de Sakaramy et de Joffre-Ville.

Une difficulté de réalisation. Les insurgés se heurtent à des difficultés. La présence des chefs de canton fidèles à la France les empêche à accomplir leur mission. D’autant plus, à Diégo-Suarez, au point de rassemblement il n’y avait que 50 hommes sur les 1.000 prévus. Cela jette automatiquement un certain froid et de découragement. Ainsi, une vingtaine d’hommes profitent de renoncer à l’attaque. Alors, les trente courageux tentent d’aller jusqu’au bout. Sous la direction de l’adjudant Lekolony et de Raminarisoa, ils se dirigent vers Lazaret. La nuit du 28 mars, alors que, les officiers Français dorment profondément, le caporal- chef Michel Rakotozafy rassemble les tirailleurs et leur font prendre des armes. Au fur et à mesure que les tirailleurs étaient armés, ils sont envoyés vers la brousse voisine où les attendent Lekony et Raminoarisoa. Pourtant, le Sergent de garde comorien Soilihi Mbae est veille et entend le bruit. Il alerte les militaires français.

MDRM, spectateur impuissant. Face à cette situation, les membres du MDRM de Diégo-Suarez semblent des spectateurs impuissants. La plupart d’entre eux ont déclaré qu’ils n’étaient pas au courant de ce plan d’attaque. D’ailleurs, ils qualifient l’initiative d’ acte de vandalisme. La section du MDRM d’Antsiranana ne veut pas semer des désordres dans la ville.
Contrairement à la société secrète « Jina » dont les membres sont plus agressifs, une hésitation s’installe de la part des leaders du MDRM. La « Jina » était plus en action que ceux des membres du MDRM. Convaincu que l’indépendance ne serait octroyée que par la force, les membres de « Jina » de la région du nord de Madagascar ont suivi à la lettre les indications de leur leader. Or, cette société secrète n’est pas trop appréciée par certains membres du MDRM. Même si, la plupart des militants de « Jina » sont membres de la CGT, un syndicat entièrement imprégné du nationalisme, et ravitaillé par le MDRM durant la campagne des élections de 1945-1946, les partisans de ce parti politique ne participent pas à l’élaboration du plan d’attaque préparé par les membres de la « Jina ».
Traumatisés par l’échec de l’insurrection, troublés par les arrestations, désavoués par leurs élites, les militants de « Jina » pensent que les membres du MDRM collaborent avec les Français. Leurs aînés l’ont désavoué.
Iss Heridiny