Pendant la période coloniale, des projets de construction ont changé la physionomie de la ville d’Antananarivo, dans l’objectif de faciliter la circulation dans cette zone montagneuse et offrir un cadre de vie agréable aux colons. Des bâtiments administratifs et des logements réservés aux cadres sont bâtis pour que les Européens puissent bénéficier du confort nécessaire durant leurs missions pour le compte du régime colonial. De ce fait, la ville d’Antananarivo demeure un lieu de pouvoir où sont prises, à l’échelle du territoire colonial, les décisions liées aux affaires du pays.
De plus, la puissance administrative se confirme à travers les bâtis dans l’endroit où siège le pouvoir politique. Il s’agit ici d’une ville en tant que lieu de décision. Des efforts sont donc portés par le pouvoir public pour démontrer que la ville d’Antananarivo est à la hauteur de sa fonction de capitale politique.
Ainsi, en 1921, la première épidémie de peste a touché la Capitale ; les membres de la commission municipale en profitent donc pour suggérer l’installation des Malgaches hors du périmètre urbain. C’est une manière indirecte de rejeter à l’extérieur de la ville les indigènes ayant des habitations.
Le dispositif de l’administration coloniale en faveur de la ville remonte à quelques années avant ce congrès. En mars 1926, un décret stipule l’interdiction de la riziculture dans une partie de la commune d’Antananarivo. Cette mesure vise à répondre justement aux soucis portés sur l’embellissement de la ville, mais au profit de l’amélioration du cadre de vie d’une certaine catégorie de population, les cadres de l’administration coloniale. Deux ans après, un autre décret renforce ce dispositif, en juillet 1928, portant interdiction d’aménager les rizières, les cressonnières et tarodières sur le territoire de la commune, y compris à l’intérieur de la route circulaire.
Recueillis Iss Heridiny