A en croire les nouvelles venues d’ailleurs, la propagation du virus du Covid-19 est très rapide et ses conséquences virulentes. Il est certain que Madagascar ne puisse être à l’abri de ce mal qui, inexorablement, ravagera une proportion importante de sa population. Cela ne relève pas de la schizophrénie mais quand on compare notre système de santé à ceux des pays comme la France, l’Italie ou l’Espagne alors que les bilans respectifs de ces dernières sont déjà inquiétants, on est droit de se demander, de s’alarmer sur ce qui peut nous arriver. Il ne s’agit pas d’entrer dans une polémique stérile mais on est vraiment devant une question de vie ou de mort. Les discours des autorités tendent vers l’apaisement tout en disant : « Il n’y a pas lieu de dramatiser, et il ne faut pas céder à la panique, mais nous devons rester très vigilants. L’Etat a déjà pris plusieurs mesures de précaution et le financement dont le pays vient de bénéficier contribuera à renforcer la surveillance ainsi que la gestion des éventuels cas », a déclaré le ministre de la Santé publique, le Pr Ahmad Ahmad, lors du déblocage des 3,7 millions de dollars par la Banque mondiale afin de prévenir la propagation du virus et pour soutenir les efforts nationaux de lutte contre le Covid-19. Ce discours–là est à prendre avec des pincettes tant les mesures et les financements seront dérisoires face à l’ampleur prévisible du mal.
Faut-il pour autant se barricader et fermer les frontières ? L’opposition, par la voix de l’ancien président Ravalomanana ainsi que les députés de l’Assemblée Nationale, répond par l’affirmative tandis que l’Exécutif joue la modération, arguant des raisons économiques. « Economiquement parlant, la fermeture de nos territoires n’est pas viable pour nous, car on est une île et, déjà, la tendance c’est vers la récession économique« , a annoncé Rinah Rakotomanga, directeur de la communication auprès de la présidence. Charlotte Ndiaye, représentante résidente de l’OMS à Madagascar, partage également cet avis. « Nous pensons que le pays doit se préparer à prendre en compte les cas, mais pas à fermer ses frontières« , a-t-elle annoncé. D’abord, fermer les frontières ne concerne pas les marchandises et puis, la situation ne sera pas celle qui a prévalu pendant l’austérité avec son lot de pénuries de la IIème République. Il faudra faire le calcul et bien peser le rapport coûts/opportunités, c’est-à-dire est–ce qu’il est plus intéressant pour nous de recevoir des personnes et des biens en rapport aux coûts financiers des soins qu’entraînera l’épidémie ? D’autant qu’il est illusoire de penser que l’Etat puisse prendre en charge les malades. D’ailleurs, une fermeture de nos frontières n’est pas une mesure à l’endroit des marchandises mais des personnes. Celle-ci ne durera sûrement pas éternellement mais, au grand maximum, deux mois. Nous ne sommes pas encore les Etats-Unis qui estiment à 50 milliards de dollars les dépenses nécessaires. Enfin, il n’est pas très juste d’affirmer que si nous sommes épargnés jusque-là, c’est grâce aux mesures gouvernementales. Car comme on dit , « il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué » ou bien, il faut se garder déjà de se congratuler avant d’être sorti de la forêt ou « Aza maika hisioka raha tsy tafavoaka ny ala ».
M.Ranarivao