Le kilo de riz à 2 700 ariary, l’essence à 3 840, ce sont des chiffres qui, lorsqu’on les prononce, raisonnent douloureusement à l’oreille des consommateurs. Ils sont significatifs de la dureté de la vie quotidienne des Malgaches. Aujourd’hui, la limite du supportable a été atteinte pour une population ne sachant plus comment s’en sortir et de moins en moins enclin à se contenir. La situation actuelle, si le régime n’y prend pas garde, risque de lui échapper.
Le point de rupture presque atteint
L’image d’un régime état sûr de son pouvoir et décidé à faire ce que bon lui semble est aujourd’hui ancrée dans le paysage politique. Les scènes de liesse lors des inaugurations faites par le président de la République lors de ses tournées paraissent de plus en plus anachroniques dans le contexte social actuel. Les paroles triomphantes du candidat non officiellement déclaré paraissent vaines en comparaison des épreuves endurées par une population qui n’arrive même pas à survivre. L’inflation qui a continué à éroder un pouvoir d’achat pourtant considéré comme l’un des plus bas du monde n’a provoqué aucune réaction des autorités. On dit que le Malgache est dur à la douleur et il sait endurer les pires souffrances, mais on sent que le point de rupture est presque atteint. Les responsables ont affirmé qu’ils faisaient tout pour stopper cette spirale de la hausse. Ils ont annoncé que des importations de riz massives étaient en train de se faire, mais aucun impact n’a été ressenti par les consommateurs. La plupart d’entre eux peuvent difficilement acheter ce riz qui n’est plus à la portée de leur bourse. Ils tentent tant bien que mal de se rabattre sur d’autres produits, mais là aussi, ils rencontrent les mêmes problèmes car la hausse, même si elle, moins élevée, est réelle. Depuis hier soir, le renchérissement du prix du carburant a désagréablement surpris les automobilistes. Tout le monde s’y attendait, mais l’augmentation a été très élevée. A présent, on se rend compte qu’un cycle infernal est en train de s’installer et on se demande jusqu’où cela peut aller.
Patrice RABE