Le bras de fer est instauré entre le gouvernement et les pétroliers. C’est le ministre de l’Energie, de l’Eau et des Hydrocarbures qui a tiré le premier, en annonçant une prise de décision unilatérale faute de consensus. On ne sait pas encore la teneur des mesures à venir, mais elles devraient être lourdes de conséquence. La partie adverse n’a pas encore publiquement réagi, mais on sait qu’elle ne se laissera pas faire. On murmure qu’elle va menacer de suspendre les importations de carburant, mais il ne s’agit pour l’instant que de bruits de coulisse. On sait cependant que personne n’a intérêt à un clash. On ne devrait pas en rester là. Les négociations devraient reprendre et elles ne vont pas être faciles car l’opinion ne comprendrait pas un échec des pourparlers. La volonté affichée par le régime de régler le problème des carburants est un de ses atouts, mais ce dernier ne peut ignorer les exigences des bailleurs de fonds. L’affaire est donc à suivre de très près. Elle survient au moment où le chef de l’Etat est accueilli avec tous les honneurs au Sénégal où il a assisté à l’investiture de son homologue Macky Sall. Il a assisté aux côtés de ce dernier à la grande parade militaire qui a eu lieu pour la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de ce pays. L’image du président de la république s‘en trouve rehaussée sur le plan international. A l’intérieur du pays, la politique qu’il a mise en place se développe petit à petit. C’est vers les législatives que les esprits se tournent en ce moment. La question de la précampagne électorale semble avoir été réglée après l’avis de la HCC. Elle est autorisée.
Sur le plan international, c’est l’évolution de la situation algérienne qui retient l’attention des médias du monde entier. La démission du président Abdelaziz Bouteflika ne met pas fin à la crise politique. C’est tout à fait logique que le président de l’Assemblée nationale assure l’intérim et ce, pendant 90 jours, mais il est fortement contesté par la population qui veut voir la révolution pacifique aller jusqu’au bout. Hier, les rues ont été de nouveau envahies par une foule déterminée. En Libye, le maréchal Haftar, l’homme fort de la partie Est a lancé une offensive éclair sur Tripoli pour essayer de parachever la conquête de tout le pays, et pour devenir son leader incontesté. Mais ses troupes ont été stoppées à une trentaine de kilomètres de l’ancienne capitale libyenne. Elles ont fait face à la milice de Zawiiya qui les a repoussées.
En Europe, c’est le Brexit qui continue de préoccuper l’Union. Le Premier ministre Thérésa May demande un nouveau report de l’accord pour le 30 juin. Elle demande une extension de l’article 50 du traité de Lisbonne régissant le départ d’un état membre de l’Union Européenne. Elle est aidée par Donald Trump qui demande aux membres de l’UE un report flexible du Brexit pouvant aller jusqu’à douze mois. En France, on arrive à la fin du grand débat national. Les conclusions vont être tirées. Nul ne sait pour l’instant quelle suite va donner le pouvoir à ces discussions ayant rassemblé de nombreux Français. La France va vivre aujourd’hui le XXIIe épisode de la manifestation des gilets jaunes. Les forces de l’ordre seront une fois de plus mobilisées.
Le bras de fer qui est en train de s’installer en ce moment entre le ministre de l’Energie, de l’Eau et des Hydrocarbures est le premier gros écueil visible rencontré par le régime. L’opinion va être très attentive à l’évolution d’une situation qui peut être dangereuse pour le pouvoir. Ce sera déjà l’occasion de juger la capacité des nouveaux dirigeants de maintenir le cap qu’ils ont fixé.
Patrice RABE