La requête en déchéance du président de la République déposée par les députés à la Haute Cour Constitutionnelle alimente les conversations du public. Partira ou partira pas ? Chacun y va de son commentaire mais déplore que notre pays en arrive à cette situation qui introduit, quelque soit la décision de la Haute Cour Constitutionnelle, une nouvelle crise politique. En effet, à lire la Constitution, on ne peut qu’être fixé. La requête des députés ne remplit pas aux conditions prévues par les articles sur la déchéance du président de la République. Elle est vouée à l’échec, si l’interprétation de la loi fondamentale est stricte.
Le public désarçonné
Les Hauts conseillers ne devraient que déclarer irrecevable la requête. Mais dans le souci de préserver la stabilité, la HCC pourrait déclarer recevable la requête des députés et rendre une décision dans le sens de leur attente. Au cas où la déchéance du Président de la République est prononcée, c’est le gouvernement qui assurera collégialement les fonctions de Chef de l’Etat, faute de Président du Senat. Les députés ont gagné la bataille mais accepteront-ils sans levée de boucliers un gouvernement chef de l’Etat lorsqu’ils contestent depuis le Dr Kolo Roger, la nomination du Premier ministre qui pour eux ne respecte pas l’article 54 de la Constitution. Le fossé qui sépare Andry Rajoelina et le Mapar de Hery Rajaonarimampianina y trouve sa source. Mais les députés fermeront-ils les yeux sur ce point litigieux, solidaires pour d’abord écarter le président de la République ? Le public risque d’être le plus désarçonné dans la situation. Il n’est pas sûr qu’il ait abandonné le président de la République élu démocratiquement en décembre 2013 malgré l’insuffisance de résultats à ce jour. Il n’est sûr non plus qu’il apporte son soutien aux députés dans cette démarche de destitution alors qu’il ne tolère ni la corruption ni le laisser- aller qui l’ont rendu possible à l’Assemblée. Le public n’accepte pas de revenir à une nouvelle crise après avoir goûté aux premiers pas du retour à l’ordre constitutionnel. Or, ceux qui risquent de profiter d’une destitution du président de la République sont les acteurs des crises antérieures qui ont entraîné le pays dans l’extrême pauvreté actuelle. Le public doit rester vigilant devant l’évolution de la situation. Il ne doit pas se laisser entraîner par la passion de détruire pour favoriser une crise encore plus grave que par le passé. Quoi qu’il en soit, tout dépendra de la décision de la Haute Cour Constitutionnelle. Une chose est sûre, la solution aux conflits actuels est de réviser la Constitution. Des amendements d’articles sont nécessaires pour permettre à la nation de progresser et de défendre la république. Mais encore faut-il une volonté d’y tendre.
Zo Rakotoseheno