A la moitié d’un mandat qui se voulait triomphant, le président Andry Nirina Rajoelina commence à goûter l’inconfort du pouvoir. Il se rend compte maintenant de la difficulté de gouverner. Le chemin qu’il emprunte est semé d’embûches, et il s’aperçoit que les meilleures intentions du monde ne suffisent pas. Il doit composer avec la réalité. Et c’est à la manière de contourner les difficultés qu’on reconnaît la valeur d’un homme d‘état. Il lui faut prendre à bras le corps le problème de l’épidémie du Covid-19. Après quelques atermoiements, il a su faire face. Les décisions prises ont été adaptées à la situation, mais le combat mené ne se terminera pas de sitôt. On lui a reproché de se mettre constamment en avant et de ne pas faire preuve d’humilité. La tisane miraculeuse Covid-organics l’a rendu un tant soit peu célèbre sur le plan international, et certains Africains le considèrent comme le nouveau Sankara. Cette volonté de privilégier la communication se fait au détriment de la réalité sur le terrain. La population, malgré toute sa bonne volonté, éprouve d’énormes difficultés à s’adapter aux mesures édictées. Les aides financières destinées aux couches populaires les plus défavorisées n’ont pas été suffisantes car le budget alloué n’a pas suffi. C’est dans une atmosphère de plus en plus lourde que se poursuit cette lutte contre le Covid-19. Dans ce contexte s’est déclenchée la polémique sur la rénovation du Rova et la construction du kianja Masoandro. L’opinion des adversaires du projet est très tranchée, et les termes employés ne laissent aucun doute sur leur hostilité. Le mot « sacrilège » revient dans tous les propos. Les gardiens de la tradition considèrent que ce monument est celui de la division; et qu’il peut être générateur d’une crise dont le pouvoir ne soupçonne pas l’ampleur. Les partisans du régime resserrent les rangs, mais ils semblent prêcher dans le désert. La célébration prochaine du 60ème anniversaire de l’indépendance ne semble pas résoudre une opinion de plus en plus rétive à l’idée de réjouissances « a minima ». Les appels lancés pour pavoiser les maisons aux couleurs nationales sont peu entendus. Un défilé militaire sans la présence de la population, la suppression, du feu d’artifice traditionnel… rendront bien terne cette fête qui aurait pu souligner avec éclat ces soixante ans d’indépendance
L’Europe est entrée de plain-pied dans l’ère du déconfinement. La vie revient progressivement à la normale. Les gens sortent dans les rues, les jardins publics et les squares sont envahis par des foules épris de liberté après ces deux longs mois de confinement. Les bars et les restaurants se sont ouverts et le respect des mesures barrières est effectif . En France, le conseil national scientifique affirme que l’épidémie est maîtrisée, mais il n’écarte pas l’idée d’une reprise. Les pays européens vont maintenant se pencher sur les problèmes économiques résultant de ces deux mois de paralysie. La crise est d’une ampleur telle qu’il faudra un plan Marshall pour relancer la machine économique.
Dans les pays d’Amérique du nord et du sud, l’épidémie du Covid19 est loin d’être maîtrisée. Les Etats Unis, le Brésil ou l’Equateur voient une progression journalière du nombre des décès.
Aux Etats-Unis, la mort de George Floyd marquera durablement la lutte contre les inégalités raciales. Les manifestations de protestation ont pris une ampleur nationale. L’attitude du président Donald Trump qui ne prône aucunement l’apaisement complique encore la situation. L’Amérique est plus que jamais divisée.
Le régime est une fois de plus à la croisée des chemins. Il doit affronter les difficultés les plus importantes de ce quinquennat. La lutte contre le Covid-19 est assurément le plus important défi qu’il doit relever. Mais il est obligé d’emporter l’adhésion d’une population épuisée par ce combat qui va durer encore longtemps. C’est une période délicate que le pays va traverser
Patrice RABE