« J’ai fait ce choix car le secteur agricole est aussi important pour développer le pays », a dit le président de la République à l’ouverture de la conférence régionale pour l’autosuffisance alimentaire tenue cette semaine à Antananarivo. « Politikan’ ny kibo » parlait en son temps Philibert Tsiranana parce qu’il était conscient que le premier devoir d’un dirigeant est celui de nourrir son peuple. Entre le pain et le jeu, la priorité n’est pas discutable. Présente dans ses « velirano », l’on s’étonne un peu que la promotion du secteur agricole ne soit remise au-devant de ses préoccupations que presqu’à la fin de son premier mandat.
Ce retour à la terre, cher aux physiocrates, est pourtant une évidence si l’on veut satisfaire d’abord les besoins primaires de la population. Selon Quesnay, le précurseur de la science économique dès le XVIIe siècle : « La seule activité réellement productive est l’agriculture car seule la terre produit des richesses renouvelables. » Et sans tomber dans une analyse statique, il ajoute « Seule l’agriculture permet de dégager un produit net, un surplus qui permettrait un progrès économique », ce qui veut dire que ce secteur permet un développement économique.
Importer 500 000 tonnes de riz chaque année constitue une hémorragie de devises qui aurait pu financer des infrastructures utiles pour les autres secteurs de l’économie ou impacter le domaine social mais a une incidence sur la société malgache où le riz, aliment de base, est aussi un élément fondamental de la culture. Et surtout tant que l’importation dans la filière riz est utilisée comme un moyen de stabilisation politique des villes (qui ne consomment que 11% de la production nationale), une recherche de la hausse de la productivité nationale sera vaine en dépit des artifices créés çà et là.
Ailleurs, on se demande encore si la visite des chefs d’Etat de l’Allemagne, de l’Italie et de la France en terre d’Ukraine en guerre relève de la folie ou du courage. Venus à Kiev qui se trouve à quelques encablures des lanceurs de missiles russes, ils sont bien audacieux ces gens-là. Si c’est pour montrer leur détermination d’être aux côtés de l’Ukraine, leur venue peut être couronnée de succès et il est sûr qu’elle a donné du baume au cœur à la population et au président Zelensky d’autant que la candidature de ce pays à l’Union Européenne semble être actée. Mais sans faire preuve de cynisme au vu des centaines de victimes parmi la population civile, on serait tenté de dire que cette « guerre là est une guerre propre », elle ressemblerait plutôt à une manœuvre grandeur nature, à un jeu de stratégie car voilà des « alliés » de l’ennemi sont venus à portée de fusil comme pour narguer la Russie et on les laisse se promener comme si de rien n’était. Bientôt on laissera les touristes russes venir en Ukraine et vice-versa. Enfin, dans cette affaire, Zelensky a tiré son épingle du jeu parce que ce conflit allait sombrer dans la monotonie voire l’indifférence des observateurs.
Enfin, cette semaine on parlait dans les salons, comme écrivaient des anciens confrères, des législatives françaises. Macron fait douter mais il va gagner, au pire il fera appel à quelques « mpitady seza » (chasseurs de sièges) et il aura un mandat avec une majorité de députés avec lui. Pendant ce temps, Mélenchon comme Marine Le Pen pourront dire adieu aux rêves présidentiels ou même au poste de Premier Ministre. Comme quoi, ailleurs comme ici, il y a une tendance lourde en politique, l’ambition ou la versatilité des politiciens.
M. Ranarivao
@ M.Ranarivao
Vous avez bien raison d’évoquer 2 x sujets d’égale et haute importance pour Madagascar : la capacité d’un pays à nourrir sa population et l’impact des législatives françaises sur le nouvel ordre politique, économique et écologique mondial .
Selon vos espérances ou vos prédictions voter est parfaitement inutile et les élections sont justes une formalité administrative . Pardon de vous contredire, les législatives françaises peuvent aussi enclencher le début d’un changement pour la planète, et donc pour Madagascar . Et on en revient à la 1ère activité économique humaine : l’Agriculture . Oui, il fallait commencer, comme au Rwanda , au Mali , en Russie et en France d’après guerre…il fallait faire de l’autosuffisance alimentaire la priorité des priorités . Et chacun pourra en mesurer la pertinence avec les agios de l’actuelle crise européenne.