La motion de rejet de l’adoption des projets de lois de ratification des ordonnances du gouvernement, votée par le Sénat, crée un véritable malaise, pour ne pas dire une certaine indignation au sein d’une partie de la classe politique. Les membres de la Chambre haute peuvent cependant dire qu’ils jouent parfaitement leur rôle de contre-pouvoir et que la loi de la démocratie le leur permet. Cependant, ce rejet en bloc fait peu de cas de la loi sur le recouvrement des avoirs illicites qui passe ainsi à la trappe et fait réagir le CSI , le Bianco, le Samifin et le Pac qui y voient un mauvais coup porté à la lutte contre la corruption. Cette interpellation faite par ces organismes est tout à fait normale, mais elle a peu de chance de faire revenir le Sénat sur sa décision.
Le Sénat montre sa capacité de nuisance
Tout le monde a bien compris que ce vote du Sénat est politique et que ses membres entendent user pleinement de leurs prérogatives. La Chambre haute est composée d’une majorité de membres HVM qui veulent affirmer leur indépendance vis-à-vis du pouvoir en place. Leur décision a été prise pour montrer leur volonté de gêner ce dernier. C’est après tout la loi de la démocratie. Le Sénat est aujourd’hui le bastion de l’opposition et montre sa capacité de nuisance. Cela indispose les partisans du régime qui y voient une certaine mauvaise foi. Ces derniers ne comprennent pas que des lois qui semblent faire l’unanimité ne sont pas votées. On retrouve le même schéma dans les démocraties occidentales où l’opposition use de son pouvoir de blocage. Ce fut le cas en France, récemment, où les discussions au sujet de la loi sur les retraites ont été interminables, et à cause des dizaines de milliers d’amendements déposés, le recours à l’article 49.3 a été inévitable. A Madagascar, le président du Sénat a beau jeu de dire que le dernier mot revient aux députés après le retour des textes à l’Assemblée nationale. Ces derniers vont évidemment les voter après une deuxième lecture. Certains diront que les sénateurs font de la résistance, mais ils jouent parfaitement leur rôle d’opposants…
Patrice RABE