
Réussir sa vie grâce notamment au judo qui lui a forgé un moral de battant dans une vie qui ne lui a pas du tout facilité la tâche. C’est en une phrase le résumé de la vie de l’actuel premier questeur de l’Assemblée Nationale et néanmoins président du Comité Olympique et de la Fédération Malgache de judo, Siteny Randrianasoloniako. Il livre son parcours (de combattant) dans une interview- portrait interdite aux âmes sensibles.
Midi Madagasikara : On vous a connu comme champion de judo dans toutes les catégories d’âge notamment quand vous êtes appelé au sein de l’équipe nationale des Jeux des Iles de 1990 alors que vous êtes encore cadet. Peut-on parler d’un enfant surdoué ?
Siteny Randrianasoloniako : « Surdoué du judo vous voulez dire, je ne sais pas mais en tout cas, j’ai tout gagné en étant cadet, junior et sénior. J’ai même un titre de champion de Madagascar toutes catégories. Ce sport m’a ensuite tout donné car autant vous dire que sans le judo et son code moral en huit points notamment l’amitié, la sincérité, l’honneur, la modestie, le respect, la politesse, le courage et le contrôle de soi, je ne serais jamais là où je suis.
Pour en revenir à ma première sélection pour les Jeux des Iles de 1990, j’étais arrivé à Tana les pieds nus. Tout simplement parce que mes parents ne pouvaient pas m’offrir ce luxe. C’est vous dire que la vie ne m’a pas gâté. »
Midi : Vous avez donc vécu une enfance très difficile ?
S.R. : « Ma vie a carrément basculé à la mort mon père quand j’avais à peine 21 ans et un Bac C au Lycée Laurent Botokeky, qui ne servait pas à grand-chose car j’ai toujours voulu aller à Diégo pour suivre des études en électrotechnique mais je n’avais pas les moyens.
J’ai ensuite galéré pendant 7 ans et avec des économies tirées de la location de parasol au marché de Tuléar, j’ai pu partir pour l’Afrique du Sud suivre des cours de communication et de management, de 2004 à 2006. J’ai ensuite suivi des cours de leadership toujours en Afrique du Sud et même aux Etats-Unis. Un secteur où j’avais de l’expérience en étant dans l’organisation du fameux tournoi de Capricorne et ses 500 participants à gérer. Là aussi le judo m’a été d’un grand secours auquel j’ajouterais surtout l’éducation que j’ai héritée d’Ashik Houssen, ce grand judoka avec qui j’ai tout appris. Notamment à me battre sur le tatami comme en dehors.
Car de ce point de vue, ma vie n’a pas été facile. J’ai connu des élections difficiles pour devenir Président du judo et du Comité Olympique Malgache, et même député puis questeur à l’Assemblée nationale. Dans le premier cas, mon adversaire et néanmoins ami car j’ai un profond respect pour celui qui se mesure à moi, était le président du Congrès de la Transition. Et dans le second, j’avais comme adversaire à l’élection des députés à Toliara, un authentique candidat d’Etat. Vous convenez avec moi que dans ces deux situations, je n’avais la moindre chance si je n’avais pas une marge suffisante. »
Midi : Questeur 1, Président du COM et du judo. Qu’est-ce qui manque aujourd’hui au jeune Tuléarois qui a dû lutter pour se frayer une place, autant le dire, au soleil ?
S.R. : « Ce qui me manque, c’est un peu plus de temps à consacrer à ma famille. A ma femme Nelly Mileva qui, étant Bulgare, a plus besoin de soutien que les autres. Mais aussi à mes enfants notamment Gabriel, Michael, Sonia et Gracy qui grandissent et qui ont aussi besoin de leur papa. Ne serait-ce que pour améliorer leurs connaissances linguistiques car tous les quatre parlent aujourd’hui quatre langues dont l’anglais, le français, le bulgare et le malgache. »
Midi : Une grande famille, en fait, qui ne vit pas, avant votre nomination à l’Assemblée Nationale, d’amour et d’eau fraîche ?
S.R. : « Bien évidemment. Avant mon mariage, j’ai été entraîneur de judo où j’avais sous ma cape le ministre Virapin Ramamonjisoa mais j’étais également le coach du champion Elie Norbert qui a participé aux Jeux Olympiques de Sydney.
Après, j’ai surtout travaillé dans la grande distribution avec l’aide de différents partenaires et amis que j’ai connus lors de mes fréquents voyages à l’extérieur. »
Propos recueillis par Clément RABARY