Le Taekwondo malgache traverse une crise sans précédent, selon Henri Randriamandrato, ancien président de la Fédération Malgache de Taekwondo (FMTKD) et vice-président de l’African Taekwondo Union (AFTU).
Il déclare : « Le Taekwondo malgache est mal… C’est le moins qu’on puisse dire ». Un enchevêtrement de tensions entre la Fédération et le Comité Olympique Malgache (COM) semble bloquer toute évolution du sport à Madagascar, et les conséquences sont lourdes, tant pour les athlètes que pour la fédération. Henri Randriamandrato n’épargne pas le COM qu’il accuse d’un « acharnement inouï » contre la nouvelle équipe dirigeante de la FMTKD, menée par Franck Rakotomanana. Selon lui, « les dirigeants du COM se refusent toujours d’adouber la nouvelle équipe dirigeante, sous le prétexte que des membres de la police nationale soient venus pour s’enquérir sur une plainte émanant d’une personne privée concernant un non-remboursement d’un prêt contracté à l’étranger ». Il précise que « cet état de fait n’implique en rien la nouvelle équipe dirigeante qui a vraiment mieux à faire que de rentrer dans une histoire aussi peu glorieuse ».
Une élection validée, mais un blocage persistant. Le 16 avril 2024, les élections fédérales de la FMTKD ont eu lieu au siège du COM, avec le président de la fédération de badminton, agissant comme représentant officiel du COM. « Rien à redire », dit Henri Randriamandrato, qui ajoute que ce représentant « a signé et officialisé les résultats de ladite élection ». Le 29 avril 2024, le Ministère de la Jeunesse et des Sports a délivré les documents officiels, dont le certificat de conformité et l’attestation de fonction. « Depuis ce jour, le COM n’a toujours pas reconnu la nouvelle équipe dirigeante, malgré plusieurs relances et tentatives de médiation à haut niveau », déplore l’ancien président.
Les efforts pour résoudre ce conflit n’ont pas manqué. « Des relances ont été faites à l’international, par l’African Taekwondo Union (AFTU) et la World Taekwondo », mais, selon Henri Randriamandrato, « sans succès ». Lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, le président du COM et le président de l’AFTU se sont rencontrés : « le président du COM a promis une issue heureuse à la situation qui prévalait », rapporte l’ancien président de la fédération. Cependant, il poursuit : « Le COM a toujours répondu par un silence dédaigneux ». La situation a pris un nouveau tournant lorsque le COM a envoyé une lettre à l’AFTU, lettre qui a suscité l’indignation de la fédération. « Le COM allait annuler les élections de la FMTKD pour des raisons internes », rapporte le vice-président de l’AFTU. « Le COM allait interdire la candidature de l’ancien président et du nouveau fraîchement élu ». Cependant, « ces deux points ne sont pas du ressort du COM et encore moins de l’AFTU », explique-t-il, soulignant que « la FMTKD a une assemblée générale et Madagascar a un ministère chargé des sports ».
Conséquences. Cette crise a des conséquences dramatiques pour les athlètes et les dirigeants de la FMTKD. Selon Henri Randriamandrato, « les athlètes et les dirigeants de la FMTKD sont totalement pénalisés car ils n’ont pas la reconnaissance officielle à l’international ». Il ajoute que « les athlètes et les dirigeants ne peuvent plus gérer les activités rattachées à la licence internationale – Global License – car cette dernière est bloquée par l’ancien président, qui, ne reconnaissant sa défaite, bloque l’accès digital à l’inscription des pratiquants. La participation de Madagascar aux prochains championnats continentaux prévus en mai 2025 est pratiquement compromise », conclut-il.
Heriniaina Samson