« A l’heure où les sociétés civiles et la « communauté internationale » exigent entre autres la refonte de la liste électorale, il nous revient à l’esprit cette chronique que nous espérons ne pas être vérifiée en 2023»
Le vulgaire est toujours séduit par l’apparence et le vulgaire ne fait-il pas le monde ?
Les caravanes réelles et virtuelles de cette propagande électorale fascinent, charment et convainquent les électeurs. Tout semble déjà acquis à celui ou celle qui « étonne le plus ». Les sondages d’opinion ont beau être interdits, mais à quoi bon puisque l’apparat s’étale, bombe le torse et se vante déjà d’avance des résultats de l’élection. En face, celle-là demande un pagne, mais en plus d’une machine (à coudre ?), on lui promet wagons, à celui-ci qui demande un poste avancé de la gendarmerie face aux méfaits des voleurs de bœufs, on lui assure une puce pour chaque tête du bétail et un satellite pour le suivre. Que demande le peuple comme on dit, on adhère.
Des voix s’élèvent, demandent et réclament la moralisation de la vie politique devant ce « pouvoir de l’argent » et disent que cette démocratie-là n’est que de face, puisque la belle définition d’Abraham Lincoln : « (…) Gouvernement du peuple, pour le peuple par le peuple » et « taratata !» est foulée.
La rencontre entre la CENI et un certain nombre de candidats frustrés de la situation qui, selon eux, est sujette à caution, parce que la liste électorale est tronquée et que le nombre de bureaux de vote est « gonflé », pose sur le fond le problème de la morale et de la politique. D’un côté, les idéalistes qui considèrent que nos élus (sous-entendus les avantagés du système électoral actuel) ne sont pas nos « maîtres » mais nos obligés, et que leurs responsabilités ne leur imposent que des devoirs, mais en aucun cas des privilèges ou des passe-droits. De l’autre côté, des réalistes pensent que ceux de l’autre bord sont des idiots qui, parce que « ignorant les éléments élémentaires de l’histoire », sont incapables d’agir dans le réel ! Et adoptant ainsi les propos de Rousseau comme quoi : « L’esprit universel des lois de tous les pays est de favoriser toujours le fort contre le faible, et celui qui , contre celui qui n’a rien : cet inconvénient est inévitable et il est sans exception ». En fait, entre réalistes et idéalistes, il semble que les points de vue diffèrent selon que l’on soit au pouvoir ou non. Nous, le vulgaire, nous ne sommes que les moutons de panurge.
M.Ranarivao