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mardi, juillet 8, 2025
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Leadership au féminin : Retour sur la première nuit de l’Entrepreneuriat durable

La « 1re nuit de l’Entrepreneuriat durable » qui s’est tenue à l’Institut français de Madagascar le mardi 18 septembre, soit il y a un mois et trois semaines, fut un succès sur toute la ligne. Dès 18h, le hall de l’IFM était déjà noir de monde, un public cosmopolite et diversifié. Allant des citoyens, aux diplomates, en passant par les amoureux de l’ovale et les sportifs- dont l’équipe de rugby de l’Université d’Oxford- opérateurs économiques et les politiques, Malgaches comme étrangers, connaisseurs ou non, tous voulaient prendre part à cet évènement inédit. Et ils avaient raison, car ils avaient effectivement vécu un moment exceptionnel !

Ces jeunes femmes ont inspiré le public avec leurs « success stories ».

Un moment exceptionnel et dont l’organisation twistée par une petite touche artistique, une pointe d’humour et beaucoup d’humanité était dirigée de main de maître par Terres en mêlées (Organisation à but non lucratif œuvrant pour l’éducation au développement durable par le rugby solidaire) et ses partenaires. Et pourtant, lors de l’ouverture de la soirée, Pierre Gony, Fondateur de Terres en mêlées a annoncé fièrement que l’organisation de cette 1re nuit de l’Entrepreneuriat durable a pris tout juste 1 mois et une semaine. Lui et son ami Simon -Qûé Gomis, en avaient eu l’idée un matin ensoleillé du 11 août dernier, précisément à 8h30 à Toliara. Ils se sont dits pourquoi pas un évènement dédié à des thématiques qui les passionnent et qui peuvent faire bouger les choses sur Mada : l’entrepreneuriat social, le rugby solidaire et le développement durable. Ils ont ainsi contacté des partenaires, des amis et surtout 6 jeunes femmes qui excellent actuellement dans l’entrepreneuriat social et le leadership au féminin. A l’unanimité ; celles-ci ont toutes répondu oui et avec enthousiasme. L’équipe organisatrice s’est alors battue et travaillé d’arrache-pied pendant 5 semaines pour réussir cette soirée exceptionnelle qu’elle a fait vivre au public. Comme l’avait dit Pierre Gony : « Pour moi, c’est vraiment un rêve qui se réalise et je suis heureux, ému et très fier de le partager avec vous ce soir ! ».Lors de la soirée, elles ont été amenées à communiquer leur passion pour l’entrepreneuriat social, leur parcours et leur rêve. Ceci pour partager des vibrations positives au public et l’inspirer, susciter chez lui l’envie de réussir, d’oser faire un pas pour changer les choses petit à petit et de persévérer. Mobiliser des partenaires aussi, car l’entrepreneuriat social est une aventure humaine, qui nécessite plus que jamais l’entraide et la collaboration. Les 5 entrepreneures passionnées à avoir partagé leurs passions sont : Julia Gony, présidente de Terres en mêlées.mg ; Matina Razafimahefa, fondatrice de Sayna ; Marie Christina Kolo, fondatrice de Green N’Kool, Asnie Ramanandraibe, fondatrice de Vezo Création et Alia Drouin, chargée d’investissement pour Mariakap Madagascar. Un des témoignages ayant sans doute marqué la soirée fut celle de Marcelia, 16 ans, Vezo et jeune rugbywoman de la Côte Saphir et passionnée de rugby, l’héroïne du film «La jeune fille et le ballon ovale». Ce film de Christophe Vindis a été projeté en ouverture de la rencontre.

« La jeune fille et le ballon ovale »

Une leçon de vie

Poignant dans le fond et très réussi d’un point de vue esthétique, ce documentaire retrace le parcours de combattant de Marcellia, une jeune Vezo de Toliara, venant plus précisément d’Antsepoka, un petit coin de paradis à 14h en véhicule tout-terrain de la Cité du Soleil. L’assistance était captivée, conquise par la combativité de cette jeune fille. Au-delà du rugby, de l’émancipation féminine, c’était carrément une leçon de vie : celle de la solidarité et du vivre ensemble.

Marcellia, la jeune fille au ballon ovale, sur la scène de l’IFM après la projection du film dont elle est l’héroïne.

Marcellia. Fille-mère à 13 ans, elle s’occupe seule de son petit Cristiano dans son village de pêcheurs (les Vezo vivent de la mer et sont viscéralement attachés à elle). Marcellia a d’ailleurs confié, lors de son témoignage en aval de la projection du film, que son père l’a emmenée en mer, dès l’âge de 2 ans. Elle peut d’ailleurs nager en apnée jusqu’à 9 km de profondeur ! Son horizon se limitait alors à la maternité et ce qu’il lui restait d’enfance et d’insouciance avec ses copines du village. Le jour où elle tombe amoureuse du rugby, sa vie bascule et elle commence un processus d’émancipation qui la mène vers l’épanouissement et le dépassement de soi.

  1. C’est durant l’été 2014 que les éducateurs de l’association Terres en mêlées débarquent à Antsepoka, un ballon de rugby en main et le rêve de faire du rugby un facteur d’épanouissement et d’éducation pour les enfants déscolarisés ou non scolarisés. Au contact du ballon ovale, une réaction grisante, voire carrément « épidermique » se produit en Marcellia : des papillons dans le ventre et cette détermination et passion folles qui caractérisent la jeunesse. Avec du temps, du travail et de la passion, elle fait montre d’une progression fulgurante, et devient capitaine de la sélection féminine de rugby à 7 de la Côte Saphir.

Aventures et épanouissement. Elle se rend à Antananarivo pour se perfectionner et vivre de nouvelles aventures encore plus palpitantes et enrichissantes sur le plan humain. Désormais, elle sait qu’au-delà d’être une fille mère, elle est une jeune femme sportive, reconnue et qu’elle mérite le respect. Une belle leçon de vie que ce documentaire tourné dans une nature d’une beauté époustouflante : le Sud-Ouest de Madagascar, Toliara pour être plus précis. Notons que le documentaire est réalisé par Christophe Vindis et produit par « Les Docs du Nord ». Il fut présenté officiellement le 14 janvier dernier sur France Ô.

« Inspirational stories ». L’entrepreneuriat durable au féminin

Après la projection du film, ces 7 femmes talentueuses et travailleuses se sont succédé  sur scène non pas pour entreprendre un partage « classique » de leur parcours, mais bien plus encore, comme cité plus haut : inspirer le public, « l’éduquer » et promouvoir l’entrepreneuriat social, qui selon de nombreuses d’études d’expert en développement durable, pourrait mener rapidement à celui-ci. Car comme le disait Simon Qûé Gomis : « La rentabilité économique et le respect des valeurs socio-culturelles et la recherche de solutions socio-environnementales pérennes sont tout à fait compatibles. ». Nous, nous  rajouterions ,  non seulement possible, mais nécessaire !

Matina Razafimahefa. Fondatrice de Sayna

Tout juste âgée de 20 ans, elle est la fondatrice de Sayna, élue meilleure entreprise sociale en mars 2018 par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et Incubons. Ils « sourcent » des jeunes talents du digital et les forment gratuitement pendant 4 mois au métier de développeur web, pour les insérer ensuite en entreprise. « Je me lève chaque matin pour réaliser mon rêve de former et de trouver un travail dans le digital pour 10 000 jeunes Malgaches, pour les sortir de la précarité « a-t-elle dit durant son partage.

Marie Christina Kolo. Fondatrice de Green n Kool

A tout juste 30 ans, des projets pleins la tête et de la passion à revendre, Marie Christina Kolo, environnementaliste de formation, est la fondatrice de Green n Kool, une entreprise éco-responsable qui a décidé de percer le marché du green business. Education environnementale, recycl’art, design écologique, animation des jeunes ; telles sont entre autres les prestations de Green n Kool. « J’ai toujours été passionnée par l’humanitaire et l’environnement. Après avoir travaillé dans le monde entier et être rentrée au bercail « pour changer » les choses. J’ai intégré un poste aux Nations-Unies, un boulot que j’aimais, des conditions de travail agréables, mais j’ai tout quitté. Pour vivre uniquement de ma passion et à mon compte : l’environnement et l’humanitaire. »

Asnie Ramanandraibe. Fondatrice de Vezo Création

« Mon père est merina, ma mère est vezo » annonce-t-elle d’emblée lors de son allocution. Cette mixité culturelle malgacho-malgache, pas facile à vivre pour beaucoup, car oui, cela existe à Madagascar, elle l’assume et la retranscrit dans ses créations vestimentaires. « J’ai débuté avec presque rien, à peine une machine et une couturière pour m’aider, pas assez de rentabilité pour payer son salaire. J’ai toujours refusé de baisser les bras. J’ai eu, en participant à des concours, des financements de 1600 euros, ensuite de 10 000 dollars et maintenant, je fais ce que j’aime, je vis de ma passion et j’aide des personnes vulnérables à s’en sortir. » a-t-elle rajouté.

Alia Drouin. Chargée d’investissement pour Miarakap

24 ans et tout le sérieux du monde, Alia Drouin est la Chargée d’investissement pour Miarakap. Miarakap qui est un fonds d’investissement qui croit au potentiel énorme des petites et moyennes entreprises (PME) malgaches et leur formalisation. Ils accompagnent donc les PME à fort impact sociétal, par le biais de formations, mais aussi et surtout d’appui financier, pouvant aller entre 100 millions et 1 milliard d’ariary. « Chez Miarakap nous croyons que les PME si elles sont bien accompagnées et formalisées, peuvent faire développer Madagascar. Mais l’impact social est pour cela essentiel et nous œuvrons pour cela. » a-t-elle fait savoir.

Julia Gony. Présidente de Terres en mêlées Madagascar

Joueuse de rugby professionnelle de la Côte Saphir et ayant un Master 2 en Biodiversité marine. Elle s’implique désormais pour l’éducation par le rugby solidaire, son sport de prédilection. Croyant fort aux valeurs véhiculées par ce sport populaire par excellence ; elle croit que l’éducation par le sport, le rugby notamment, permet de dépasser les clivages et les barrières : il permet de fédérer autour d’un point commun : la recherche du développement durable. D’ailleurs, Terres en mêlées Madagascar, dont elle est la présidente vient de gagner le 14 septembre dernier, le « Beyond Sport award, sport for equality » du World Rugby, grâce entre autres, à son projet d’émancipation des jeunes femmes par le rugby à Madagascar ; mais aussi les projets éducatifs et la recherche du développement durable par le rugby solidaire. « Une victoire pour Madagascar, pour toutes les équipes de Terres en mêlées » comme l’a dit si bien Pierre Gony.

Dossier réalisé par Luz Razafimbelo

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