Qu’il s’agisse d’une initiative populaire ou de celle d’une Cour Constitutionnelle, la déchéance d’un chef d’État, durant ces dix dernières années, a été courante presque dans la totalité des quatre coins du globe. De 2007 à 2017, les peuples ont décidé de refaire l’Histoire de leurs pays en « balayant » les dirigeants qui ont agi à l’encontre de l’intérêt général et ceux qui paraissaient « indociles » par rapport à la satisfaction de l’intérêt général et de la nation. Il en est de même pour les Cours Constitutionnelles qui n’ont pas hésité à éjecter les gouvernants qui ne se sont pas conformés sciemment aux lois et règlements en vigueur sur le territoire national.
- Marc Ravalomanana à Madagascar
À Madagascar en 2007, Marc Ravalomanana venait de briguer un second mandat. En parallèle, Andry Rajoelina – candidat du TGV (Tanora Gasy Vonona) était également élu à la tête de la Mairie d’Antananarivo, la capitale contre Hery Rafalimanana, candidat du parti au pouvoir, le TIM (Tiako i Madagasikara). Ravalomanana était taxé de vendre des terrains aux étrangers, à des Sud-Coréens plus précisément dans le fameux contrat avec Daewoo Corporation, son règne est déstabilisé. La fermeture de la chaîne Viva appartenant à Andry Rajoelina, était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Par voie de conséqunce, Andry Rajoelina et ses partisans revendiquaient le départ des Ministres du Budget et de la Communication dans leurs meetings quotidiens. Avec des mouvements populaires soutenus par le Capsat, le président du TGV a évincé Marc Ravalomanana du pouvoir en 2009 qui a choisi l’Afrique du Sud comme lieu d’exil. Le Directoire Militaire auquel Marc Ravalomanana a remis les pleins pouvoirs l’a confié à Andry Rajoelina.
- Zin El-Abidine Ben Ali en Tunisie
En 2011, la cherté de la vie impactait amplement sur les Tunisiens qui, pour la plupart, ont vécu sous les jougs du chômage. Le chef d’État de l’époque n’était autre que Zin El-Abidine Ben Ali, celui qui a gouverné la Tunisie pendant 24 ans. Accusé d’être un grand dictateur, les Tunisiens se sont soumis aux commandements du despote jusqu’à ce qu’en 2011, sur la Place historique de Sidi Bouzid, un jeune homme Tunisien dénommé Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant, s’est immolé par le feu pour exprimer la souffrance du peuple à cause du chômage. Il est décédé des suites de ses blessures. Cela conduisait les Tunisiens à un mouvement de « désobéissance civile » revendiquant le départ de Ben Ali et qui a été réprimé par les forces tunisiennes. Le 14 janvier 2011, Ben Ali quitte le pouvoir et s’est réfugié en Arabie Saoudite.
- Hosni Moubarak en Égypte
Hosni Moubarak ou le grand raïs Égyptien. Il était à la tête de l’Égypte depuis 1981 et accusé également d’être un grand oppresseur. En 2011, le peuple égyptien – inspiré par ce qui s’est passé en Tunisie et qui ressentait un profond ras-le-bol à l’endroit de Moubarak – a décidé de descendre dans la rue à partir du 25 janvier 2011, sur la notoire Place Tahrir. Hosni Moubarak ne s’est pas fléchi face aux revendications populaires quotidiennes en les réprimant. Finalement, le 11 février 2011, il a fini par quitter le pouvoir grâce à un transfert du pouvoir à l’armée.
- Muammar El Kadhafi en Libye
On lui a attribué le surnom de « Guide Suprême ». Car Muammar El Kadhafi était également réputé d’être un tyran qui gouverne seul et qui véhiculait le concept d’une Afrique émancipée avec son «États-Unis d’Afrique ». Arrivé au pouvoir en 1969 par un coup d’État, il l’a quitté en octobre 2011, par un coup de force des Libyens. En effet, la Tunisie et l’Égypte – initiateurs du Printemps arabe, inspiraient également le peuple Libyen à faire tomber le guide suprême. Des mouvements populaires se sont déroulés sur le sol libyen mais ont été sévèrement réprimés par Kadhafi. Ce dernier qui aurait pu rester au pouvoir si la France de Sarkozy n’y intervenait point avec son « opération Licorne ». En août 2011, Kadhafi devait prendre la fuite. Le 20 octobre 2011, les Libyens – emportés par leur colère – l’ont capturé, lynché et tué.
- Amadou Toumani Touré au Mali
Le président Amadou Toumani Touré, connu également sous les initiales « ATT », était le 4e président du Mali de 2002 à 2007 puis de 2007 à 2012. En effet, ATT devait quitter le pouvoir face à un coup d’État militaire mené dans la nuit du 21 au 22 mars 2012 par le capitaine Amadou Sanogo et Amadou Konare du Comité National pour le Redressement de la Démocratie et de la Restauration de l’État. Le coup d’État se justifiait dans l’incapacité de l’Administration ATT à faire face aux rebelles d’Ansar Dine et du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA). Dans la nuit du 21 au 22 mars, le Palais présidentiel a été attaqué par des hommes armés, par des mutins qui réclamaient le départ d’ATT. La Télévision nationale a également été attaquée et les insurgés y ont même fait une allocution selon laquelle toutes les institutions de l’État sont suspendues. Face à cette situation, le Président ATT devait prendre la fuite pour s’exiler au Sénégal abandonnant le pouvoir à Sanogo.
- François Bozizé en Centrafrique
En 2002, François Bozizé a d’ores et déjà tenté un coup d’État dans la République de la Centrafrique dirigée par Ange-Félix Patassé. Mais cela n’a pas abouti. En 2003, quand Patassé n’était pas sur le sol centrafricain, il a été renversé par le même François Bozizé qui a pris le contrôle du pays. En 2005, il était officiellement élu à la tête du pays et réélu en 2007. Le 24 mars 2013, il a été renversé, comme il avait pris le pouvoir, par un coup d’État militaire mené par Michel Djotodia et les rebelles de la Seleka et devait prendre la fuite au Cameroun.
- Blaise Compaore au Burkina Faso
Blaise Compaore était également l’un des plus anciens chefs d’État Africains au pouvoir. Arrivé à la tête du pays en 1988, il l’a quitté en 2015, soit 27 ans. Justement en 2015, il projetait d’amender la Constitution qui ne lui a plus permis de se représenter pour un nouveau mandat par voie référendaire. Mais la société civile était solidement mobilisée à l’instar du mouvement « Balai citoyen ». Le 22 octobre, des barrages ont été érigés dans la capitale, et des places stratégiques ont été occupées pour mettre la pression aux députés. Le 28 octobre, plus de 50 000 manifestants descendaient dans la rue pendant 3 jours. De surcroît, l’armée n’était pas à même d’agir face à une grande foule. Le 31 octobre, après avoir su que l’Assemblée Nationale a été brûlée et que plus rien ne peut être fait, Blaise Compaore démissionne et s’exile au Ghana.
- Dilma Rousseff au Brésil
Dilma Rousseff succède à Lula Da Silva en 2011 et est la première femme à occuper la magistrature suprême brésilienne. Mais l’affaire Petrobras a chamboulé l’administration Rousseff. Ce vaste scandale politico-économique a trait à une grande corruption au niveau de la société pétrolière nationale Petrobras et qui accable quelques entourages de la présidente voire elle-même. Tout a été révélé en 2014 quand l’entreprise nationale, Petrobras et quelques entreprises privées auraient formé un cartel pour se partager de gros marchés de BTP pour ensuite les surfacturer. Les pots-de-vin récoltés auraient été versés aux partis de la coalition gouvernementale de centre gauche, au pouvoir depuis 2003. Et les malversations seraient destinées à financer les campagnes électorales. En Mai 2016, le Sénat – après avoir accusé Dilma Rousseff de faire partie du réseau – a voté pour la suspension de la présidente tout en enclenchant le procès en destitution. Le 30 Août 2016, Dilma Rousseff est officiellement destituée par le Sénat.
- Park Geun-Hye en Corée du Sud
Park Guen-Hye était à la tête de la Corée du Sud en février 2013 jusqu’en mars 2017. En novembre 2016, des centaines de milliers de Sud-Coréens défilent dans la rue pour réclamer sa destitution suite à un grand scandale de corruption dans lequel elle est engluée. Ce scandale de corruption impliquait la confidente de Park Geun-Hye, Choi Soon-sil – femme d’affaires sud-coréenne – qui influence la présidente dans sa prise de décision : nomination au gouvernement, correction des discours de la présidente, et extorsion de 65 millions de dollars aux conglomérats coréens. Le 9 décembre 2016, la suspension de ses pouvoirs a été votée par l’Assemblée Nationale. Le 10 mars dernier, la Cour Constitutionnelle prononce sa destitution.
Dossier réalisé par Aina Bovel