« Après la Seconde Guerre mondiale, le monde s’est divisé en deux blocs », une phrase retenue par les lycéens du monde entier. La dislocation est due à un séisme historique dans les pays radicalement concernés. Une séparation qui a eu des répercussions dans les colonies.

À Madagascar, l’avènement de la Guerre Froide a fait naître un espoir chez les élites nationalistes. Pour eux, l’URSS était la libératrice, puisque celle-ci prétend être l’anti-impérialisme et la lutte des classes. Dès lors, ils embrassent l’idéologie… En vérité, l’expansion du communisme a été effectuée entre les années 1920 et 1930 dans la Grande Ile par Jean Ralaimongo et Paul Dussac. Bien que la doctrine soit initiée dans les villes industrielles notamment à Diego-Suarez, la crise et l’avènement du Second Conflit mondial constituent malencontreusement des entraves à son implantation. Donc, il a fallu attendre l’Europe exsangue pour que les nationalistes ravivent l’idée. Cependant, le communisme, condamnant l’inégalité sociale, a des courants de pensée divers, dont l’athéisme figure dans les critères. Or, la plupart des nationalistes malgaches ont été formés par des missionnaires protestants ou des religieux catholiques. Ayant suivi une éducation chrétienne, il est tout de même difficile de tourner le dos à leur formateur. Pour ce faire, il va devoir user la langue du politiquement correct. Le mot «communiste» sonne trop fort aux oreilles. Alors, les leaders anticoloniaux vont rassurer leurs sympathisants en utilisant le mot « communisants ». Ainsi, les pasteurs et religieux adhèrent naturellement aux associations politiques. Par ailleurs, le camp adverse, notamment les fidèles à la mère Patrie, pointent du doigt leurs compatriotes. Les chefs religieux catholiques voient également ces érudits dans cet angle. Et même si l’Eglise catholique a déclaré sa position anticoloniale dans les années 1950, les prêtres malgaches expriment ouvertement leur sentiment d’hostilité envers les « communisants ». L’archevêque de Diego-Suarez, par exemple, placarde les élites locales séduites par la conception soviétique.
En effet, les principaux partisans n’expliquent guère au petit peuple le fondement de cette idéologie. L’essentiel c’est d’avoir l’indépendance! Par conséquent, entre lutte contre la colonisation, menée par les soi-disant athées et les collaborateurs de l’oppresseur, les Malgaches occupant la base de la pyramide sociale ne savent pas dans quelle case se ranger ! Entre 1940 et 1950, le communisme était au cœur du débat… En fait, les intellectuels communisants avaient une explication assez vague de la conception. Ils n’osaient pas décortiquer l’idéologie qu’ils prêchaient auprès du peuple. La seule phrase qui sortait était « les Soviétiques nous soutiennent ! »… En outre, ces propagandistes se référant à la victoire écrasante face aux Français, obligés de capituler à Dien Bien Phu en 1956. Ceci dit, Madagascar n’avait pas une base solide. Suite logique, l’idée a été rapidement devancée par celle de Tsiranana. Ce dernier, une fois au pouvoir, a affiché son inimitié envers ceux qui brandissent le drapeau rouge jusqu’à sa chute en 1972.
Le communisme et le socialisme n’ont refait surface qu’à la Deuxième République du capitaine de Frégate Didier Ignace Ratsiraka, une période durant laquelle il a éssayé d’adapter la culture malgache au concept du bloc de l’Est !
Iss Heridiny