Les photos de femmes enceintes maquillées sont diffusées sur les réseaux sociaux. Cette tendance fait réagir aussi bien les traditionalistes que les perfectionnés. Entre blâmes et encouragements, l’image sous-entend la revendication feministe !
Les jeunes mamans n’ont plus peur d’être prises en photo. En fait, une star est la source d’inspiration. Rihanna a osé le faire l’année dernière, l’artiste a pris des photos de sa grossesse. Évidemment, les commentaires ont plu, si certains félicitaient la chanteuse, d’autres semblaient hostiles. Quoi qu’il en soit, cette hardiesse de la chanteuse inspire les femmes enceintes.
« Je me demande pourquoi autant d’hostilité ? La grossesse est-elle une maladie ? » se demande l’activiste et feministe Enicia Andrianoro. « C’est notre corps, nous l’aimons ainsi. La plupart des femmes adorent ce moment car, elles portent leur enfant dans leur ventre, il y a une connexion directe entre le bébé et la maman. Alors pourquoi ne pas prendre de photo ? », a-t-elle ajouté. De leur côté, les photographes professionnels les encouragent également. « Le but est d’immortaliser le moment. Une fois que l’enfant sera né, la mère lui montrera l’image. Il y a un lien fort entre l’enfant et la maman. Certes, c’est devenu une tendance, mais la pratique n’est pas encore vue de manière positive», a fait comprendre le spécialiste en huitième art, Xavier Raholiarimanana.
… Le mur de la tradition s’effrite
A Madagascar, la tradition atteste qu’une femme doit garder secret son état de grossesse. L’afficher pourrait être dangereux. Le traditionnaliste Roger Tsiamivalona explique, « lorsque la femme porte son enfant, la famille est également impliquée, parce qu’elle porte une vie, l’héritier génétique. Alors, dire à haute voix qu’une telle est enceinte pourrait rendre jaloux les envieux, ou pire, la femme pourrait être victime de sorcellerie. Donc, elle restera à la maison durant les étapes de sa grossesse ». Cette tradition se pratique toujours à la campagne, alors que les citadins ne se fient plus à cette supertition, tandis que d’autres considèrent que ce n’est qu’une légende qu’on invente pour que la femme reste à la maison surtout au début de ses six mois de grossesse pour éviter une interruption naturelle ou accidentelle de la grossesse, notamment, une fausse couche.
… «Transgressons la tradition qui nous empêche d’avancer»
Les us et coutumes font foi de statiques alors que la société malgache vit dans un monde qui avance vite. Certains considèrent le débat stérile. « Se focaliser sur une photo, je n’en vois pas l’intérêt. On a mieux à faire. On n’est plus en 1800 » , a martelé Rayan Tendry. Apparemment, la nouvelle génération veut tourner la page de la culture malgache qui s’avère illisible.
Par ailleurs, des esthéticiens ont leur mot à dire à ce sujet. Bien entendu, d’après eux, cette attitude de se cacher est surtout la cause de la déformation due à la gestation. « Ce sont souvent les jeunes mamans qui n’arrivent pas à assumer ces changements qui se cachent. Elles croient que c’est une maladie. De nos jours, il y a des traitements pour soigner le visage, du maquillage pour dissimuler les taches de grossesse ! Des petites taches couvraient mon visage quand j’étais enceinte pour la première fois. J’étais complexée. J’étais vraiment inquiète.Je ne savais pas que c’était naturel. Je ne sortais pas de la maison. Alors, il faut que nous, les femmes, décomplexions, enfin. Vous voyez, ces photos sont magnifiques. C’est émouvant. Ça donne du courage aux autres mamans. Je vous le dis, soyons fières », s’exprime Angela Zafimisy, une maquilleuse.
Les débats sans fin n’empêchent pas les jeunes de nager à contre-courant. Influencés, certes, mais ils essaient également de démentir les adages devenus loi du temps des ancêtres !
Iss Heridiny
