
Les intellectuels africains francophones en général, et ceux de Madagascar en particulier ont poursuivi des études à la française, mais de seconde zone. Ils étaient formés pour devenir des auxiliaires du colonisateur. La création des écoles régionales partout dans la Grande-île au premier quart du XXème siècle a pour vision de forger des élites miniatures, pour que celles-ci puissent occuper les sièges administratifs, ou encore devenir des petits cadres capables de diriger les autochtones. Par ailleurs, ces établissements sont érigés afin de répondre au besoin des localités. Dans le Triangle du nord, deux écoles régionales ont été construites. Celle de Fénérive-Est qui accueille les étudiants originaires de la partie orientale, tandis qu’Analalava héberge ceux du Nord-Ouest.
En effet, l’ascension côtière a eu lieu grâce à ces écoles régionales, car auparavant, exceptée Toamasina, une ville où le premier établissement a été fondé au début du XIXème siècle, les autres groupes humains des régions hors des Hautes Terres Centrales, en l’occurrence les Sakalava, ne se sont assis sur les bancs de l’école que du temps de la colonisation. Cependant, l’école n’était pas faite pour tout le monde. Quoique l’on dise, elle était destinée aux enfants des notables et de la petite bourgeoisie rurale. Symbole de la réussite, les parents vendaient tout pour que leurs enfants accèdent à l’éducation. Pour leur part, les progénitures ont intérêt à accomplir leur mission, ramener un « certificat d’aptitude de quelque chose ». Certificat en poche, les sortants étaient des exemples, voire des références aux yeux de la société. Ils sont désormais fonctionnaires. Ayant reçu une éducation française, ils sont devenus des personnalités influentes. En revanche, d’autres appliquent autrement leur acquis en s’opposant à leurs formateurs.
Iss Heridiny