Avant c’était le masque, désormais, ce sont les verres contre soleil qui semblent soudain devenir un effet de mode ! Partout à Antsiranana, même dans le noir, on trouve des personnes avec des lunettes fumées ! La conjonctivite s’est transmise rapidement ces deux dernières semaines. Les patients ont suivi à la lettre les instructions de la direction régionale de la Santé publique, mettre des lunettes ! Ainsi, au marché, les marchands ambulants s’en réjouissent. L’article se vend à merveille. « Ce matin, j’en ai livré une vingtaine. Ça marche ! », Tahiry ne cache pas ses émotions. Autrefois tendance, elles sont aujourd’hui une nécessité. Les prix varient entre 5 000 et 35 000 ariary. Et cela dépend du portefeuille de celui qui l’achète. En outre, les fashion victims, bien qu’ils soient malades, exigent des verres stylées. « J’ai acheté celles-ci car elles me vont bien. C’est vrai que je suis malade, mais, il faut aussi de l’esthétique », se confie Malia. « Je suis obligée de mettre ce genre de truc. Je n’aimais pas ça avant, mais on m’a dit de les porter pour protéger mes yeux. Alors, je le fais. À chaque fois que je sors, il me faut des lunettes. Je crois que je me suis habitué. Je vous le dis, avant j’avais honte. Là, j’ai l’impression que ce n’est pas si ringard comme je l’ai pensé », se confie Yannick. Porter des lunettes pourra être une seconde nature. Même si l’état de santé s’améliore, cet instrument optique ne quittera pas les yeux, post-conjonctivite. Les malheurs des uns font le bonheur des autres. Combien de temps cela va durer ? Certes, personne ne souhaite que cette maladie perdure encore longtemps. Ce sera, toutefois, une situation conjoncturelle autant pour le marchand que pour le patient. Une occasion pour le premier, un présent funeste pour le second.
Iss Heridiny