07 février ! La date rappelle une journée tragique de l’année 2009 qui a fait beaucoup de morts et de nombreux blessés devant le palais d’Ambohitsirohitra. Cinq ans après, les plaies ne sont pas encore entièrement guéries. Le culte du souvenir est plus vivace que jamais. Il n’offre pas qu’une occasion de recueillement mais aussi pour l’association des victimes AV7 et le Mapar d’Andry Rajoelina, une opportunité de démonstration de force politique avec une marche vers le palais d’Ambohitsirohitra aujourd’hui. Monja Roindefo qui avait pris la tête du mouvement vers le palais à cette époque et désigné Premier ministre sur la place du 13 mai, n’accepte pas l’instrumentalisation de cette journée de commémoration. Il rendra hommage aux victimes avec plus d’intimité.
Les maîtres du jeu
Démonstration de force, le Mapar en a bien besoin. Les 49 sièges qu’il a obtenu aux législatives le place comme le parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Mais l’acquis n’est pas suffisant pour s’assurer le poste de Premier ministre. Après la proclamation des résultats définitifs des législatives par la Cour Electorale Spéciale, les députés élus s’observent et s’approchent pour mettre en place le groupe de partis majoritaire qui présentera le Premier ministre que nommera le Président de la République selon la Constitution. Les grands partis, comme le Mapar et la mouvance Ravalomanana (19 députés) lorgnent depuis longtemps vers les députés indépendants pouvant renforcer leurs rangs. Ils sont environ 41 députés à jouir de ce statut. Si les indépendants viennent à décider d’intégrer le Mapar, l’ancien président de la Transition a toutes les chances d’être présenté comme Premier ministre. Le Président de la République le nommera-t-il dans la mesure où il a déclaré qu’il n’a aucun problème avec Andry Rajoelina ? Les observateurs doutent. La République n’est pas une transition bis. Les objectifs sont différents. Les sièges obtenus par la mouvance Ravalomanana, pour sa part, ne permettent aucune prétention. Les alliances de partis possibles sont loin de converger vers un nom de Premier ministre issu de la mouvance. Apparemment, les députés indépendants sont maîtres du jeu. Leur force vient de leur cohésion, du moins jusqu’à présent. Le nom du futur Premier ministre pourrait venir de leur proposition. Et ce d’autant plus qu’ils sont prêts à soutenir le président de la République. La question est de savoir qui du Mapar ou de la mouvance Ravalomanana, deux partis antagonistes, sera délaissé par les députés indépendants ? Celui qui ne fera pas partie de la majorité deviendra-t-il opposition au pouvoir ? Ou bien, tous les partis chercheront-ils à avoir une place dans le gouvernement d’ouverture promis par le Président Hery Rajaonarimampianina avec comme conséquence évidente, une démocratie qui battra de l’aile. Une majorité sans opposition.
Zo Rakotoseheno