
Sourire dans les moments difficiles, c’est malgache. Est-ce un sourire résilient ou une grimace de résignation ? Bon nombre de réalisateurs étrangers l’ont constaté. Parfois, ils essaient de se glisser dans la peau d’un tireur de pousse-pousse en imitant cette mimique faciale, sans jamais parvenir à la reproduire.
Il est difficile de conserver cet air jovial, surtout lorsqu’on se trouve dans le pétrin. Pourtant, ce sentiment est naturel à Madagascar, que ce soit dans un bureau submergé de dossiers à analyser ou dans un car en panne, en pleine piste nationale boueuse. C’est culturel !
Même si les travaux sont pénibles, les planteurs de tabac de Port-Berger et les coupeurs de canne à sucre de la Société Sucrière de la Mahavavy affichaient toujours une attitude positive dans les champs pendant la période coloniale. L’histoire raconte également que les colporteurs chantaient aussi bien que les ampilanja des ampanjaka en déplacement. Le courage se manifeste à travers cette gaieté. Mais, sous un autre angle, ce sourire peut aussi dissimuler une rage, car souvent, les reproches restent tous pour que personne ne se doute de rien. Bien que négligé et considéré comme une masse de brutes introverties, le petit peuple possède un talent inestimable : l’art de la communication, que ceux qui occupent les hautes sphères ne sauront jamais pleinement appréhender.
Bref, le sourire est un langage. Crispation, anxiété, espoir, ironie, autodérision et persévérance se mêlent sur le visage pour créer ce mouvement subtil des lèvres et des yeux.
Iss Heridiny