Depuis les années 80, quelques artistes malgaches ont inscrit leur nom dans le palmarès du prix Découvertes RFI. En 1983, le Fianarois Mamy Ralaivita a été primé Découverte RFI avec la chanson «Tanalahy». En 1986, c’est au tour de la chanteuse Lalatiana avec la chanson «Ho an’iza ny masoandro». Lorsque la nouvelle règle du concours donne un plateau exclusif aux albums, le chanteur accordéoniste tuléarois Régis Gizavo obtint le prix en 1990, suivi par le groupe Njava avec la chanson «Sifaka» en 1992. Le groupe a capella Senge du Sud est primé en 1999 avec la chanson «Roapanolo». En 2002 c’est au tour du chanteur-valihiste Rajery de décrocher le prix avec son troisième album «Volontany».
Mamy Ralaivita, le premier lauréat !
Mamy Ralaivita, un nom totalement inconnu dans le paysage musical. Il est pourtant le premier malgache à avoir remporté le Prix découvertes rfi. A 12 ans, il fonde, avec ses cousins, un groupe qui s’appellera «Zanak’i Papa Blues Band » et qui deviendra par la suite « Zanak’i Dada ». « Avereno aminay », un de ses titres phares pendant cette période aura un retentissement national et sera même « réquisitionné » par la « révolution socialiste de l’époque ». Ce morceau populaire sera joué dans toute l’île lors des « mitabe ».
L’évènement le plus marquant dans la courte carrière de Mamy reste néanmoins celui de 1982. Avec son titre « Tagnalahy », le jeune homme qu’il était à l’époque convainc le jury du Prix découvertes rfi et remporte le concours. Il fera des tournées à travers toute l’île et en France avec son groupe ORO. Entre son avenir et sa passion, il choisit le premier et quitte donc la scène en 1985 pour se consacrer à ses études de médecine. En 2015, il revient à ses premières amours et signe un « Tsiaro ». Un album, son premier, en souvenir du bon vieux temps.
Lalatiana, la seule chanteuse malgache à s’illustrer jusqu’à ce jour !
1986. Cela fait quatre ans que Lalatiana côtoie le milieu artistique et qu’elle est devenue membre du groupe Oro et chante régulièrement au Café théâtre Speedy. Cette année-là, elle écrit également sa première chanson : « Ho an’iza ny masoandro ». Un titre avec lequel elle entre en concurrence au Prix découvertes rfi. Sa voix, sa manière de chanter, les émotions qu’elle dégage… tout séduit le jury qui lui attribue le « Prix découvertes rfi ». C’est avec ce même morceau qu’elle remporte également le “Prix des auditeurs”. L’année suivante, elle donne son premier concert en solo, en tant que Lalatiana. Pour la jeune femme, c’est le début d’une longue carrière qui n’est pas près de s’arrêter.
Senge, une première pour un groupe a capella !
Lauréat du concours Découvertes Afrique organisé par Radio France Internationale en 1999, Sengemanana trio reçoit son prix à Dakar et entame en France une série de spectacles. Après s’être produit en Allemagne et en Suède lors de l’été 2000, Senge commence à souffrir mais assure avec courage les concerts programmés dans le cadre du festival « Paris, quartier d’été ». Au Jardin du Luxembourg à Paris, il fait sa dernière apparition musicale et encourage le public à fredonner avec lui un poème en guise de testament : « quand je serai mort… » Dès son retour à Madagascar, le chanteur se fait hospitaliser et tente de combattre le cancer qui a été diagnostiqué, mais il décède quatre mois plus tard en décembre 2000.
Les frères Njava, de succès en succès !
Nés dans une famille de musiciens de quinze enfants du sud-est malgache, les membres du groupe Njava (du nom de leur père) s’illustrent internationalement en 1995 à la sortie de leur premier album Vetse (EMI Hémisphère) révélant leur musique “l’ethnotic groove”. Ce genre acoustique met en avant le “beko” des « Antandroy » et des « Mahafaly » du Sud malgache. Le groupe explore aussi le « tsapiky », le “rija” des Betsileo du sud des Hauts plateaux, le blues malgache, le tsensigat ou encore l’afro-pop et l’afro-fusion. Dès lors, Njava sillonne le monde (Belgique, Japon, Espagne, Etats-Unis, Mexique, Brésil), participant aux festivals Womad (Angleterre), Voice of Asia (Kazakhstan), Africolor et Les Transmusicales de Rennes (France), Festival de Montréal (Canada)…
Rajery, le prince de la « valiha »
Germain Randrianarisoa, de son vrai nom, est lauréat 2002 du Prix RFI Musiques du Monde. Fils de paysan, Rajery perd l’usage des doigts de sa main droite alors qu’il n’a pas encore un an. L’amputation de ce membre s’avère inévitable. Malgré ce handicap, le jeune garçon veut vivre la vie des enfants de son âge. Opiniâtre, il récuse la facilité : plutôt que de mendier, il décide de travailler. A 15 ans, il décide d’apprendre tout seul à jouer de la « valiha ». En 1983, il débute avec le groupe Tsilavina et décide de rafraîchir le répertoire traditionnel. Dans son élan, il crée le premier grand orchestre consacré à la valiha et monte les marches un à un. Aujourd’hui, il continue de porter haut le flambeau malgache sur la scène internationale.
Régis Gizavo, lauréat 1990
En 1990, grâce aux deux morceaux qu’il avait envoyés à Paris, Régis Gizavo est lauréat du concours. Lors de la cérémonie de remise des prix à Conakry, il attire l’attention du batteur Francis Lassus qui cherche à monter un groupe. Régis est donc invité en France pour prendre part à l’aventure de Bohé Combo aux côtés entre autres de Richard Bona, Sally Nyolo et de Jean-Michel Pilc… Un concentré de talents car chacun des membres s’est depuis fait un nom en solo. « On était tous des leaders » se souvient d’ailleurs Régis Gizavo. En 1993, il est auditionné par I Muvrini qui le choisit pour remplacer le jazzman Daniel Mille. Grâce au prix que lui avait décerné RFI trois ans plus tôt, il avait enfin pu s’acheter son premier accordéon, un modèle à 4 000 F
Mikéa, sacré lauréat à Madagascar !
Sa victoire restera longtemps dans les mémoires. En 2008, Madagascar accueille le Prix découvertes rfi. Cette année-là, Théo Rakotovao se trouvait également dans la course. Mikea met en valeur le « beko », chant de lamentation typique de sa région natale. Finaliste du prix Musiques de l’Océan Indien en 2007, Theo retourne en studio en mai 2008 pour donner naissance à l’album « Taholy » avant de se rendre en août à La Réunion pour le festival Sakifo. Trois mois plus tard, la finale du prix Découvertes RFI est organisée à Antananarivo. Devant son public, Mikea remporte le concours en ayant séduit le jury présidé par l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly.