Pour le ministère de la Justice, le cas Marc Ravalomanana relève de la « mesure administrative » qui ne le concerne pas. L’ancien président de la République a été placé en « résidence fixe » selon la loi. C’est du moins l’explication apportée par son Secrétaire général qui a tenu à préciser que le ministère ne prend à son compte que l’affaire Jean Marc Koumba et des quatre membres du personnel de l’Aviation Civile de Madagascar (ACM) mis en prison à Antsiranana. La question se pose maintenant de savoir pourquoi le ministère de la Justice veut-il séparer ces deux affaires qui ne peuvent pas être dissociées. Ne prennent –elles pas leur source dans le retour en catimini de l’ancien exilé d’Afrique du Sud ?
Les priorités du moment
Quoi qu’il en soit, le processus de réconciliation nationale est en marche. Aux efforts déployés au niveau national s’ajoute une pression internationale de plus en plus forte. La délégation des Nations-Unies reçue par le Président de la République hier a encore réitéré l’importance de la réconciliation nationale. L’organisation internationale est prête à soutenir le pays dans son application. En ce mois de décembre, le public souhaite surtout la libération des « incarcérés arbitrairement» à Diégo-Suarez. Quoi que les autorités disent sur la bonne qualité des conditions de détention, les familles affirment le contraire. Elles réclament leur retour dans les meilleurs délais pour qu’ils puissent passer Noël ensemble. Les dirigeants abonderont –ils dans ce sens pour accéder à la demande ? Leurs préoccupations semblent être ailleurs en ce moment. Pour la journée internationale de la lutte contre la corruption, le Premier ministre Kolo Roger a insisté sur la déclaration de patrimoine et l’obligation des résultats des membres du gouvernement. Son souci de performance et d’efficacité n’échappe plus à personne devant les nombreuses critiques formulées à l’encontre du gouvernement et ses actions. Il n’a pas écarté dans une déclaration antérieure la possibilité d’un remaniement même s’il doute que ce soit la bonne solution. A la présidence de la République, les nominations d’Ambassadeurs seraient à l’étude. La plupart des ambassades ne seraient plus du point de vue d’observateurs que des boîtes aux lettres. Faute de nominations de nouveaux ambassadeurs aux places vacantes, elles sont loin de pouvoir atteindre les objectifs de diplomatie économique visés par la nouvelle législature. Mais l’inquiétude grandit aussi dans les hautes sphères de l’administration et dans les milieux économiques et diplomatiques devant le retard que prend la présentation du plan national de développement. Les financements extérieurs pourtant en dépendent. L’année tire à sa fin, le bilan ne satisfait pas tout le monde. Il est maigre pour les uns, riche pour les autres. Tous se rejoignent cependant dans l’espérance de fêtes de Noël et de fin d’année passées dans l’apaisement et la réconciliation.
Zo Rakotoseheno