Il ne reste plus que quatre jours avant le scrutin de ce second tour de l’élection présidentielle. Il n’y a pas eu de véritable tournant cette semaine dans la campagne électorale. On a pu toutefois se rendre compte de la légère inflexion apportée par l’un et l’autre candidat dans la manière de convaincre la partie de l’électorat encore indécise. L’un a essayé d’enfoncer le clou dans les failles supposées de son adversaire, l’autre a préféré parler de ses objectifs pour développer Madagascar. Le ton des interventions du premier est plutôt incisif tandis que le second a préféré se montrer conciliateur et rassembleur. On ne sait pas quel style sera le plus payant, mais les efforts déployés par chacun pour essayer de conquérir cette frange de la population, qui s’est soit abstenue, soit n’a pu voter au premier tour. Jusqu’à mardi, la lutte, puisqu’il faut l’appeler ainsi, sera sans merci. Le débat télévisé de dimanche pourrait être décisif s’il ne donne pas lieu à des polémiques, mais éclairera les téléspectateurs sur les défis à surmonter pour sortir Madagascar sur la crise actuelle. C’est dans une atmosphère lourde, au propre comme au figuré, que les Malgaches abordent cette période décisive de leur histoire. Les fortes précipitations qui sont tombées ces derniers jours ont certes apporté un peu de fraîcheur à des Tananariviens écrasés par la chaleur, mais le spectacle des rues démolies et jonchées de débris divers déprime encore plus ces derniers, qui doivent également faire face à la propagation de la rougeole, de la rubéole et de la peste. A cela s’ajoutent les problèmes d’alimentation en électricité et en eau endurés par de nombreux usagers dans certains quartiers de la capitale. Les Malgaches sont durs à la douleur et font face à l’adversité avec fatalisme. Ils râlent et c’est tout à fait normal, mais ils n’ont aucun geste de révolte.
La France est depuis trois semaines au centre de l’actualité internationale, mais les rebondissements de ces derniers jours l’ont encore plus exposée aux regards de la communauté internationale. A la crise des gilets jaunes, s’est ajoutée la menace d’attentats terroristes. En début de semaine, le président Emmanuel Macron a, dans un discours très attendu, essayé de répondre aux attentes des Français en général et des gilets jaunes en particulier. Le chef de l’Etat, tout en reconnaissant ses erreurs passées, a annoncé une série de mesures censées désamorcer la crise. Ses annonces ont été bien reçues par une majorité de la population, mais n’ont pas entamé la détermination des gilets jaunes les plus endurcis, décidés à continuer la lutte. C’est dans ce climat que s’est produit cet acte terroriste perpétré par un jeune homme de 29 ans à Strasbourg. Certains observateurs se disent peu surpris par l’événement. L’Etat Islamiste s’est évidemment dépêché de revendiquer l’attentat. La traque du terroriste s’est soldée par la mort de ce dernier. La question est maintenant de savoir comment va se dérouler la manifestation des gilets jaunes d’aujourd’hui.
Les autres points de l’actualité, même s’ils sont importants, ne suscitent pas autant de commentaires. C’est le cas de ce qui s’est passé à Londres. La première ministre britannique Thérésa May a remporté le vote de défiance organisé par des députés de son parti, après l’accord sur le Brexit signé avec Bruxelles. Elle a arraché cette victoire en promettant de quitter son poste avant les prochaines élections législatives de 2022. En attendant, elle va renégocier les termes du Brexit avec les 27 pays de l’Union Européenne.
Les candidats entament la dernière ligne droite de la campagne électorale. Toutes leurs forces sont jetées dans cette conquête d’un électorat qui doit décider de la victoire de l’un ou de l’autre. Les excès verbaux ou les dérapages ne servent pas la cause de ceux qui en abusent. Les quatre jours à venir vont certainement permettre de voir vers quel côté va pencher le balancier de l’histoire.
Patrice RABE