Le régime actuel n’a nullement l’intention de laisser ses adversaires profiter du désamour de la population à son égard. Il fait donc tout pour compliquer, voire empêcher les déplacements de ses rivaux en province. Il a commencé depuis un certain temps ses manœuvres d’intimidation à l’égard de Marc Ravalomanana. On sait ce qui s’est passé lors de son arrivée à Taolagnaro où une manifestation n’ayant rien de spontané l’a poussé à bouleverser son programme. La fermeture de l’entreprise AAA-Tiko entraînant le chômage de ses employés entre dans cette démarche du pouvoir. L’ancien président qui avale les couleuvres sans broncher ne réagit pas à la provocation et continue à préparer sa candidature à l’élection présidentielle. Andry Rajoelina a réussi son entrée médiatique et ne cache pas son ambition de revenir au pouvoir. Dans le contexte actuel, il a su trouver les mots justes à l’égard d’une population en proie à de grandes difficultés. Les images du raz-de-marée humain lors de son arrivée à Ambilobe ont permis au pouvoir de se rendre compte de son audience auprès d’une partie de la population. Ce dernier a une stratégie bien élaborée et il compte multiplier les rencontres avec ses partisans. Le pouvoir ne l’entend pas de cette oreille. L’interdiction de la manifestation organisée devant l’hôtel de ville de Mahajanga par le préfet entrait dans ce cadre. Les organisateurs ont eu gain de cause devant le tribunal administratif. Mais il était dit que tout serait fait pour empêcher la venue d’Andry Rajoelina puisqu’après l’annulation de vol de son jet privé, lui et sa suite n’ont pu prendre le vol régulier vers Mahajanga. On se rend compte que les régimes changent et les pratiques restent les mêmes. Les dirigeants usent de tous les moyens en leur possession pour gêner leurs adversaires. L’actualité nationale ne se limite pas seulement à cela. La troisième session extraordinaire qui devrait se clore mardi prochain n’a pas permis pour le moment un examen approfondi des lois électorales. Certains pensent qu’une majorité est en train de se constituer à l’Assemblée pour procéder à un vote le 3 avril.
Sur le plan international, c’est la victoire proclamée des forces gouvernementales syriennes sur les rebelles en Ghouta oriental qui domine l’actualité au Proche- Orient. Les factions dissidentes ont été totalement défaites après les bombardements de l’armée de Bachar Al Assad et de ses alliés russes. L’évacuation des civils et des djihadistes se poursuit dans des villes totalement dévastées. Le Raïs de Damas n’est aujourd’hui plus contesté. Les puissances occidentales semblent s’être résignées à sa puissance retrouvée.
Dans l’affaire Skripal, du nom de l’’espion russe ayant été empoisonné, le bras de fer entre Moscou et Londres continue. La Russie rend coup pour coup et expulse à tour de bras les diplomates anglais en rétorsion. Le premier ministre Thérésa May, quant à elle, reste inflexible et continue d’utiliser des termes très durs pour qualifier l’attitude des Russes.
La France a rendu hommage, cette semaine au lieutenant- colonel Arnaud Beltrame qui avait pris la place d’une otage du terroriste Radouane Lakdim et a été tué par ce dernier . Les Français ont célébré ce héros qui a donné sa vie pour sauver une jeune femme encore retenue par ce Marocain considéré comme un islamiste radical.
Les régimes passent et les pratiques restent. Le pouvoir actuel agit comme l’avaient fait ceux des présidents Ravalomanana ou Rajoelina. Il utilise les moyens dont il dispose pour stopper l’ascension de leurs adversaires. Ce genre d’attitude dessert plus qu’il ne bénéficie à ceux qui y ont recours. Les échos rapportés par la presse indisposent fortement l’opinion et augmentent un ressentiment déjà fortement ancré chez les citoyens.
Patrice RABE