
Pour un travailleur de l’ombre, on ne peut trouver mieux que Maurice Andriamandranto qui, bien que bardé de diplômes et de titres de champions en football, n’en parle que peu ou prou. Mieux ou pire, c’est selon, ce silence volontaire ne joue pas à son avantage alors que sa place aurait dû être en équipe nationale en tant que head coach puisque sur ce chapitre, Nicolas Dupuis ne lui arrive même pas à la cheville tant au point de vue diplôme que palmarès.
Mais cette place d’entraîneur des Barea ne l’emballe pas. Non pas qu’il ne sent pas assez patriote à cause de l’éloignement, il s’est établi à Maurice depuis 1997 où on fait appel à ses services pour les clubs en mal de titres et même pour le développement du football mauricien tout court, car il fut membre de la Mauritius Professionnal Football League de 2015 à 2016.
Les mains vides. Mais bien parce qu’à ses yeux, les règles ne sont pas définies. « Qui n’aimerait pas servir son équipe nationale mais tant qu’on ne clarifie pas la situation, je préfère prendre du recul car j’ai déjà vécu ce genre de situation quand Mosa et moi avons pris les rênes du Club M de 1989 à 1991 avec à la clé, la médaille d’or des Jeux des Iles des Seychelles », prévient celui qui est rentré de Mahé les mains vides.
Cela ne l’empêche pas d’apporter des critiques, qu’il espère, constructives pour ces Barea bien trop défensifs à son goût. « Plus de la moitié de l’effectif a un rôle défensif alors qu’on aurait dû mettre l’accent en attaque même avec des joueurs locaux ou régionaux tels Fabrice et Gladison », commente Maurice Andriamandranto qui se garde de mentionner des « Mauriciens » qui ont pourtant du… talent.
Haut niveau. Une analyse de celui qui vit le football au jour le jour. Nonobstant sa licence en Sciences économiques de l’Université de Tananarive, on retiendra de son passage à Ankatso de sa médaille d’or aux Jeux Universitaires de Nairobi en 1979 ou sa participation aux Universiades de Mexico l’année d’après. Une suite logique de son passage en équipe nationale de 1970 à 1974.
Mais ce haut niveau l’a conduit à améliorer son cursus pour devenir entraîneur. Et pas n’importe comment car il a eu sa licence A délivrée en 1993 à Hennef par la DFB, la Fédération allemande de football. Comme il avait déjà en poche un 3e degré fédéral d’entraîneur, il est devenu par la suite instructeur de 4e degré en 1998 au prestigieux centre de Macolin en Suisse.
Du coup, les titres s’enfilent puisqu’il a débuté très fort dans son rôle d’entraîneur avec le Dynamo de Fima (1980 à 1984) puis BTM FC (1985 à 1997), Fire Brigade (1997 à 2000) deux fois vainqueurs de la Coupe de l’île Maurice et champion en 1999, Union Sportive Beau Bassin Rose Hill vainqueur de la coupe en 2003, puis Vacoas Phoenix à qui, il a offert la coupe en 2008 avant de prendre un petit break pour revenir au même club cette année lui permettant ainsi d’accéder chez l’élite de Premier League.
Ce qui justifie son qualificatif d’homme des situations difficiles. L’homme des Barea devait-on dire tant le onze malgache a besoin de son éclairage pour le remettre sur orbite en vue de la qualification pour la CAN 2019 incluant la double confrontation contre la Guinée Equatoriale, puis les deux matches à domicile face au Soudan et au Sénégal. Un schéma quasi-idyllique en fait, mais on hésite sur la manière de faire de Nicolas Dupuis et de Jocelyn Razafimamonjy qui n’ont trouvé mieux que de faire appel à Sedera Andriamparany et de Claudio Ramiadamanana. Du n’importe quoi. On ne pense pas que Maurice Andriamandranto ferait la même erreur même si derrière on peut invoquer dans le cas de Sedera, d’une solidarité entre… Réunionnais. « Mi di a ou de bonnes affaires ».
Clément RABARY