Des propos du président Macron soulèvent le tollé en Afrique. Des Africains y compris des Malgaches ne sont pas du tout contents qu’il ait dit des paroles blessantes envers le continent noir. Le raccourci est vite fait à son encontre, à part les injures, on le traite de réactionnaire, de droite, de facho voire de raciste. Apparemment, la sympathie n’et plus de mise à son égard. »Le défi de l’Afrique, il est totalement différent. Il est beaucoup plus profond, il est civilisationnel aujourd’hui. Quels sont les problèmes en Afrique? Les États faillis, les transitions démocratiques complexes, la transition démographique qui est, .., l’un des défis essentiels de l’Afrique. Quand des pays ont encore aujourd’hui 7 à 8 enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien.» a dit le jeune président français.
Où est le mal ? Civilisationnel ? Mais ce n’est ce pas nous qui revendiquons le droit à la différence ? Ne disons pas nous que notre conception du monde et d’y évoluer caractérise notre façon d’être ? Le fait qu’il le dise avec ses lunettes d’Européen, de « blanc » nous semble incongru, car nous ramène-il paraît- au rang de sauvage. Il faut savoir, ou bien nous nous complaisons dans une authenticité que nous ne cernons plus ou bien nous suivons la marche du monde. Pour une fois, que quelqu’un ne parle pas de notre exotisme, de notre douceur de vivre pour mieux nous endormir dans notre immobilisme, sort de l’ordinaire parce que cela nous met face à nos responsabilités et semble nous contrarier. Il est vrai que nos Etats résultent d’un charcutage du Colonisateur et l’on a hérité d’un « Ni Etat, Ni Nation » qui rend difficile toute intégration vers un mieux être collectif. Mais, arrêtons de traiter la colonisation comme une patte molle qu’on traîne qui nous handicape «ad vitam aeternam» et qu’on la chante à tout -va pour excuser nos échecs. L’histoire du monde est ainsi faite de guerres et de limites territoriales mouvantes et le continent noir n’est pas une exception. Et pourtant, là où les autres ont réussi à donner à leurs sujets un objet de fierté, d’unité, et de sentiment de bien-être, en soixante ans d’indépendance, nous n’avons accouché que d’un spectacle de désolation. Sur notre démographie galopante quand ,en voiture, nous doublons des files de « filles »avec enfant en bas âge sur le dos, un autre peinant à marcher tenu par la main droite et derrière un escalier de deux ou trois gosses, et en plus sur la tête un panier de menus provisions et enfin un récipient d’eau potable à la main gauche, et il s’agit d’une image banale. Et le père où est-il ? Réponse, faire un autre prolongement de sa personne ailleurs. Dénoncer cet état de fait et le traduire comme s’immiscer dans le ventre de la femme africaine est-ce logique ? Sortir du sous développement implique d’abord d’avoir les yeux en face des trous.
M.Ranarivao