Le montant de détournements faits par des hauts fonctionnaires et annoncé dans le rapport d’activités du CDBF (Conseil de Discipline Budgétaire et Financière) a de quoi donner le tournis aux simples citoyens. Ces 27,3 milliards d’ariary qui ont été pris dans les caisses de l’Etat donnent une idée de l’ampleur de la gabegie qui règne dans les hautes sphères. Certains analystes affirment qu’il ne s’agit que d’une partie de l’argent détournée et que de bien plus gros poissons sont passés entre les mailles du filet. Le régime actuel a fait de la lutte contre la corruption un de ses principaux chevaux de bataille. La présentation de ce rapport est un début et permet de croire que les membres de la CDEF vont continuer leur travail d’investigation et poursuivre les responsables de malversation, quelque soit leur rang dans l’appareil d’Etat.
L’espoir de voir une véritable lutte contre la corruption
C’est la première fois qu’on publie des chiffres de détournements de deniers publics, ne pouvant pas être contestés puisqu’ils sont tirés du rapport officiel d’un organisme d’Etat. Jusqu’à présent, on ne faisait que suggérer l’existence de ces malversations et on déplorait l’impunité de tous ceux qui en étaient responsables. Cette fois-ci, c’est un premier pas qui a été franchi avec les sanctions infligées à des hauts fonctionnaires corrompus. Le montant des sommes détournées a de quoi effarer le public. Dans le même temps, la modicité des amendes étonne ; il s’agit de quelques dizaines de millions d’ariary. Certains observateurs se demandent si les membres de la commission n’ont fait que le minimum et rester très prudents dans leur travail d’investigation. Cette médiatisation de leur rapport d’activités ne peut que les encourager à continuer leurs enquêtes et aller encore plus loin pour dénicher les affaires de corruption de haut vol. Jusqu’à présent, c’était le règne de « l’omerta » ou la loi du silence. On espère que le CDEF pourra travailler sans entraves et accomplir sa mission pleinement.
Patrice RABE