L’Afrique est depuis toujours le continent des élections mouvementées qui portent au pouvoir des présidents mal élus. Au Kenya, on s’acheminait presque normalement vers une situation conflictuelle à l’occasion d’un scrutin présidentiel très contesté. Pour la première fois, un résultat a été invalidé par une Cour suprême. De nouvelles élections vont avoir lieu dans les soixante jours à venir.
L’exemple kenyan à méditer
Le cas est exemplaire et mérite qu’on s’y attarde. L’élection présidentielle qui mettait aux prises le président Uhuru Kenyatta et son rival de toujours Raila Odinga s’est déroulée dans une atmosphère électorale fiévreuse. Le scrutin s’est déroulé dans une atmosphère tendue et la victoire du président kenyan sortant a été proclamée par la commission électorale. Le résultat fut fortement contesté par l’adversaire de ce dernier dont les partisans sont descendus dans les rues. La répression des manifestations a fait plusieurs morts, mais n’a pas fait cesser la contestation. On pensait s’acheminer vers une période de troubles comme en 2007 où l’on a compté des centaines de victimes. Mais malgré la proclamation de la victoire du chef de l’Etat sortant par la commission électorale, son adversaire ne s’est pas avoué vaincu et a déposé un recours auprès de la Cour suprême. La communauté internationale a salué la démarche, mais personne ne s’est prononcé sur son issue, au regard des précédents scrutins. Mais cette fois-ci, la juridiction suprême s’est prononcée sans aucune équivoque, dénonçant des cas de fraudes. Elle a donc invalidé le résultat au grand dam d’Uhuru Kenyatta qui a affirmé ne pas comprendre cette décision, mais qui l’accepte. Il s’agit donc d’un événement exceptionnel qui met le Kenya sous les feux des projecteurs et ce pour des raisons méritoires. Il fait entrer ce pays dans l’histoire de la démocratie africaine. Pour la première fois, une juridiction a osé prononcer un verdict équitable, se permettant de braver les autorités en place, les juges la composant faisant honneur à leur fonction. On peut espérer que d’autres juridictions sur le continent africain suivront son exemple. L’Angola va bientôt entrer dans une période électorale incertaine. On pense surtout à Madagascar et à son élection présidentielle de 2018.
Patrice RABE