« Il faut sauver le soldat vanille ». Non, ce n’est pas un film du même type que celui de Steven Spielberg mais bel et bien la réalité en ce qui concerne la filière vanille de Madagascar qui risque de tomber dans une grave crise si des actions ne sont pas entreprises dans les meilleurs délais
Une crise qui pourrait arriver si les stocks qui s’amoncellent dans les magasins des préparateurs et autres exportateurs ne sont pas liquidés rapidement. D’après nos informations, c’est en effet une crise de surstock car la production de la campagne 2022 était de 2.000 tonnes. A cela s’ajoute un report de stock de 2021 qui se chiffre à 600 tonnes. Ce qui constitue un stock total de 2.600 tonnes. Et si on enlève les 600 tonnes déjà expédiées de l’actuelle campagne 2023, l’offre de vanille de Madagascar se chiffre encore à 2.000 tonnes. En ce qui concerne nos concurrents comme l’Ouganda, l’Indonésie, la Papouasie Nouvelle Guinée, le Mexique, les Îles du Pacifique, ils totaliseraient une offre d’au moins 1.000 tonnes. Ce qui fait donc, en tout, une offre de 3.000 tonnes pour une demande mondiale d’un peu moins de 3.000 tonnes également. Sans compter la production de la prochaine campagne qui serait encore plus importante.
Décision rapide
En somme, les importateurs internationaux, constitués essentiellement d’industriels extracteurs, ne se bousculent pas pour acheter la vanille de Madagascar. D’où cette crise qui s’est notamment manifestée par des descentes dans les rues des opérateurs dans les zones de production, notamment de la SAVA. Une crise qui a notamment abouti à cette idée d’un possible retour à la libéralisation votée par les exportateurs lors d’une réunion tenue la semaine dernière à Sambava. Un vote qui attend cependant l’aval de l’administration. A ce sujet, justement, les exportateurs souhaitent une prise de décision rapide de la part du gouvernement pour pouvoir assurer à temps les expéditions qu’ils peuvent encore faire. « La campagne d’exportation prend fin le 31 mai et nous n’avons que très peu de temps pour agir », explique un opérateur de la vanille. Les exportateurs souhaitent notamment la libéralisation totale en matière d’octroi d’agrément. « Une fois que les exportateurs remplissent les conditions légales et administratives, il n’y a aucune raison de les priver de cet agrément qui leur permettra de travailler et d’aider ainsi à l’objectif de liquider les stocks », continue cet opérateur. Par ailleurs, les opérateurs souhaitent que, comme dans certains pays exportateurs, il n’y ait plus cette date limite de campagne d’exportation. Tout compte fait, ils sont prêts à jouer le jeu pour sauver la vanille de la crise.
R.Edmond