
Certains qui ont participé activement au « tolona » ont été bombardés à des postes stratégiques même s’ils exercent déjà d’autres mandats publics.
Le cumul des fonctions refait surface au sommet de l’État. À la Commune urbaine d’Antananarivo, trois conseillers municipaux exercent désormais des responsabilités exécutives de premier plan. Alban Rakotoarisoa a été propulsé directeur général de l’Aviation civile de Madagascar, et aussi conseiller technique à la présidence. Clémence Raharinirina assure les fonctions de cheffe de région par intérim d’Analamanga. Lily Rafaralahy est entrée au gouvernement en tant que ministre du Tourisme. Tous conservent, à ce stade, leur mandat d’élus municipaux.
La situation ne se limite pas à la Commune urbaine d’Antananarivo. À peine nommé directeur de la communication de la Présidence, Harry Laurent Rahajason, dit Rolly Mercia, attire de nouveau les attentions. L’homme occupe simultanément des fonctions au sein du cabinet du ministre de la Communication et de la Culture et du cabinet du ministre de la Justice. Une triple casquette qui interroge sur la lisibilité de l’action publique et sur le respect des règles de gouvernance.
Ces nominations en cascade relancent un débat sensible sur le cumul des fonctions dans le pays. La question est d’autant plus sensible que le pays traverse une période où la transparence et la clarté institutionnelle sont régulièrement invoquées comme des priorités politiques. Pour de nombreux observateurs, la confusion des rôles entre Exécutif et mandats électifs affaiblit la séparation des responsabilités et brouille la chaîne de redevabilité.
La comparaison avec d’autres systèmes politiques est souvent avancée. En France, le cumul entre fonctions ministérielles et mandat d’élu est autorisé par la loi, sous des conditions strictes. À Madagascar, le cadre juridique apparaît plus flou. Les textes existants ne tranchent pas clairement ces situations, laissant place à des interprétations divergentes et à des pratiques qui suscitent interrogations et critiques.
Au-delà du débat juridique, c’est une question de gouvernance qui se pose. Peut-on être à la fois élu local et acteur de l’Exécutif sans conflit d’intérêt ni affaiblissement de l’une ou l’autre fonction. La multiplication de ces cas donne le sentiment d’une normalisation du cumul, dans un contexte où l’exigence d’exemplarité est pourtant régulièrement affichée par les autorités.
À ce stade, aucune clarification officielle n’a été apportée. Ni sur le statut exact de Harry Laurent Rahajason au sein des différents cabinets ministériels, ni sur la situation des conseillers municipaux devenus hauts responsables de l’État. Un silence qui alimente les spéculations et renforce la pression sur les institutions compétentes pour trancher.
Dans un pays où la refondation de la gouvernance est devenue à la mode, ces cas de cumul pourraient devenir un test politique. Un test de cohérence entre discours et pratiques. Un test aussi de la capacité des autorités à fixer des règles claires et à les appliquer, sans distinction de personnes ni de fonctions.
Rija R.



