Au train où vont les choses : un nombre croissant de décès, de nouveaux cas… On ne peut que penser, sans aucun cynisme, que l’on s’achemine vers une issue que personne n’ose avouer mais qui, hélas, semble être inéluctable. Si notre système de santé connaît des déficits au niveau de l’effectif du personnel soignant, si les infrastructures d’accueil ne peuvent recevoir tous ceux qui ont besoin de traitement (forme modérée ou forme grave), si l’on peine à s’approvisionner en médicaments ou accessoires (oxygène, EPI…). Sans parler de l’indiscipline collective persistante actuelle et que si les décideurs semblent tergiverser dans les choix cornéliens à prendre au fur et à mesure de l’évolution de la situation de cette pandémie, comme par exemple, le choix de vacciner ou non, il y a lieu de penser que l’on se résout à attendre l’immunité collective pour venir à bout de la Covid-19.
Aussi appelée immunité grégaire, c’est le phénomène par lequel une épidémie est enrayée lorsqu’elle s’est d’abord largement propagée dans une population, lui permettant de développer des anticorps, et donc d’être immunisée. C’est la stratégie qui a été un temps choisie par le Royaume-Uni et les Pays-Bas, avant qu’ils ne changent d’avis. La Suède poursuit, pour le moment, dans cette direction.
Plus terre à terre, cela veut dire qu’on va guérir le mal par le mal. Il va de soi que le prix à payer est lourd, très lourd. Les spécialistes avancent qu’il faut au moins que 60% de la population soit contaminée, soit environ, pour le cas malgache, 15.000.000 de cas avérés. Parmi eux, on peut s’attendre à un taux de mortalité de 1%. Il faudra ainsi voir 150.000 décès, soit multiplier par 300 le nombre que nous avons eu en un an (500). C’est semble-t-il le prix à payer : une morbidité que la morale ne peut accepter et que tout décideur ne voudrait pas voir se produire.
Mais ce scénario catastrophe ne va pas se produire, rassurons-nous, puisque comme tous les dirigeants du monde, tout en l’espérant et le redoutant en même temps, ont adopté des positions intermédiaires. « Essayer de parvenir à “l’ immunité collective” en laissant se propager librement un virus dangereux serait problématique d’un point de vue scientifique et contraire à l’éthique. Laisser le virus circuler au sein de la population, quel que soit leur âge ou leur état de santé, revient à laisser libre champ à des infections, des souffrances et des décès inutiles », tous le disent, mais tous ont joué sur le temps, comme chez nous. Ce n’est jamais tout blanc ou tout noir. C’est-à-dire qu’ils ont adopté des positions intermédiaires comme les confinements gradués, et surtout la protection des populations à risque, ainsi que la surveillance et la traçabilité des nouveaux cas. Enfin, la découverte des vaccins change la donne puisque l’immunité collective, ultime objectif commun, pourrait être atteinte en adoptant une stratégie mixte. « Pour aboutir en toute sécurité à une immunité collective, une part importante d’une population doit être vaccinée, ce qui réduit la quantité globale de virus capable de se propager dans l’ensemble de la population. La recherche de l’immunité collective vise notamment à préserver et à protéger de la maladie les groupes vulnérables qui ne peuvent pas se faire vacciner (par exemple en raison de problèmes de santé comme des réactions allergiques au vaccin », dixit l’OMS.
N.B Cette chronique a été rédigée avant le discours du PRM.
M.Ranarivao