Il faut avouer que l’insurrection du 29 mars 1947 est un tournant de l’histoire du pays, un élément déclencheur de l’éveil du nationalisme. Cette date est aussi une source d’inspiration pour les littéraires. Ainsi, des romans ont été publiés dans le but de tracer les terribles péripéties qu’ont vécu les aïeux des Malgaches. Villa Vanille de Patrick Cauvin et Nour, 1947 de Raharimanana en sont des exemples parmi tant d’autres. Ces deux auteurs reconstituent à leurs manières la vie les plus anodines de l’époque coloniale à Madagascar, bien que les personnages soient fictifs. Ces deux œuvres ont été littérairement comparées par Lovatiana Juliana en 2005 lors de sa mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies. Encadrée par feu Julien Naiko qui a écrit beaucoup sur Jacques Rabemanjara et Jean Joseph Rabearivelo, l’impétrante embrasse l’idée nationaliste. « Cette étude se situe au début d’une recherche de Maîtrise devenue un Mémoire de DEA sur la pertinence du concept de la révolte 1947 dans Villa Vanille (1995) de Patrick Cauvin, écrivain français contemporain et Nour, 1947 (2001) de Jean-Luc Raharimanana, écrivain malgache de nouvelle génération. La narratologie du roman est une poétique restreinte limitée au fait romanesque. En effet, dans le cadre de la discipline qu’est la Littérature Comparée, on propose d’élargir ce corpus. L’écriture de la révolte a toujours été omniprésente dans des productions littéraires…», a-t-elle avancé. Sous un autre angle, le travail de madame Lovatiana évoque la divergence d’idées de ces deux auteurs. Étant français, Patrick Cauvin voit de travers avec sa «longue vue» l’histoire de la Grande-ile, alors que le fils du terroir Jean-Luc Raharimanana a l’impression de vivre ce qu’il écrit. Néanmoins, c’est à travers les lunettes de la neutralité que Lovatiana Juliana ajoute « les deux auteurs ont deux styles différents, deux opinions opposées, mais, un point de jonction, la révolte de 1947 ». Si l’histoire est la racine, alors la littérature est le fruit. Elle charpente l’identité nationale tout en contribuant à la commémoration des périodes charnières. Il faut cesser de dire que les hommes de lettres planent, et ne participent guère au développement de la nation. Au contraire, ils jouent un rôle important. Ancrer des souvenirs lointains dans la mémoire collective du peuple, un travail qui semble facile mais reste dur à effectuer. Comme ses comparses armés de leur passion, Lovatiana Juliana aiguillonne les consciences par le biais du cinquième art.
Iss Heridiny