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dimanche, décembre 14, 2025
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Litchi de Madagascar : Une filière stratégique en surproduction

Personne ne cueille les litchis faute de rentabilité.

La filière litchi demeure une des filières agricoles phares de Madagascar, tant par son poids économique que par son impact social dans les régions productrices.

Une surproduction dans cette filière stratégique se confirme pourtant cette année. Deux semaines après le lancement officiel de la campagne, plus de la moitié des fruits restent accrochée encore aux arbres, malgré le départ des trois navires prévus qui ont embarqué leur volume initialement programmé, d’après les acteurs de la filière. La production de litchi est estimée à environ 70 000 tonnes contre plus de 20 000 tonnes l’an dernier, selon les techniciens du Centre horticole technique de Toamasina. Cette situation s’explique par une production exceptionnellement abondante dans de nombreuses communes. Les trois bateaux ont ainsi été chargés en seulement cinq jours et six nuits, au lieu de deux semaines auparavant. Un délai record dans l’histoire récente de la filière.

Engagement

Dans d’autres sites de production, les litchis ne trouvaient pas preneur faute de rentabilité pour les planteurs. En effet, il faut payer au moins 15 000 Ar pour la cueillette et le transport de chaque panier de 20kg depuis la zone jusqu’au croisement de la route nationale alors que le prix du kilo varie entre 1 000 Ar et 1 500Ar sur le marché de la Capitale. Raison pour laquelle, des tonnes de litchis ont été jetés dans les rues. Face à ces défis récurrents, les opérateurs du secteur, en collaboration avec les collectivités, ont décidé de renforcer leur engagement en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Leur ambition consiste à contribuer directement à l’amélioration des conditions de vie des populations rurales et atteindre, à moyen terme, une véritable sécurité alimentaire. Les premières expérimentations menées dans trois fokontany de la commune de Foulpointe et de Tamatave II sont porteuses d’espoir. Carottes, pommes de terre, maïs et courgettes ont poussé avec succès sur des terrains sablonneux pourtant réputés difficiles. Des résultats obtenus grâce à des itinéraires techniques adaptés et un suivi numérique renforcé.

Industrialisation rurale

Ces avancées agricoles s’accompagnent d’un projet plus large d’industrialisation rurale. Après l’installation d’une mini-centrale hydraulique à Foulpointe, les collectivités travaillent à la mise en place de séchoirs à fruits, afin de réduire le gaspillage et valoriser les excédents de litchis ainsi que d’un concasseur, utile pour les travaux d’infrastructures villageoises. Un des grands importateurs d’équipements, s’est engagé comme partenaire majeur pour soutenir cette industrialisation rurale. Elle propose aux coopératives sérieuses des facilités de paiement sur plusieurs mois, permettant ainsi aux communautés rurales d’accéder à des outils modernes. L’entretien des pistes reliant les fokontany aux communes est également une priorité afin de réduire le coût du transport interne, un facteur qui pénalise lourdement la compétitivité malgache. Au-delà de la production agricole, les opérateurs souhaitent inscrire leurs actions dans une approche plus globale du développement rural en prônant l’éducation pour tous et la santé pour tous, avec des interventions prévues dans plusieurs communes.

Nouvelle génération

Dans les fokontany concernés, des écoles publiques et privées ont été sélectionnées pour participer à un programme innovant. Les parents d’élèves s’impliquent dans la mise en place de potagers scolaires, tandis que les élèves y participent dans le cadre de travaux pratiques destinés à alimenter les cantines. Ce dispositif a un double objectif, améliorer l’alimentation des enfants et former les jeunes aux pratiques agricoles, afin de créer une nouvelle génération de professionnels, a-t-on appris. Une coopérative, baptisée Kama, a déjà été créée pour accompagner ces jeunes producteurs. Elle assurera la structuration, la commercialisation et la gestion numérique des activités, garantissant transparence et traçabilité.

Entre surproduction chronique, initiatives sociales ambitieuses et industrialisation naissante, la filière litchis de Madagascar traverse une période charnière. Si les défis restent importants, la mobilisation conjointe des opérateurs, des collectivités et des communautés rurales, ouvre la voie à un modèle plus résilient, durable et inclusif, où le litchi qualifié de trésor national devient également un levier majeur de développement local.

Navalona R.

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