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samedi, décembre 14, 2024
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Littérature : La traversée de deux ères des écrivains malgaches

L’auteur Jean Joseph Casimir Rabearivelo, le premier écrivain Malgache d’expression française.

Juin, le mois consacré à la langue malgache. Une langue, évoluant avec le temps, qui emprunte celles des autres, tout en gardant une base, fruit d’un mélange des parlers des régions, bien qu’elle soit contestée par certains. Puisque selon eux, le « dialecte » merina constitue les 80% de la langue officielle. 

En effet, le malagasy ofisialy se pratique dans le milieu social distingué, et est considéré comme le parler des élites. Depuis les établissements publics jusqu’aux boîtes privées, la langue officielle est une langue pour les bureaucrates. Cependant, d’autres affirment que c’est une langue parlée par les 25 millions d’habitants pour communiquer, sur le papier. Mais en pratique, au fin fond de la brousse, elle n’est pas comprise. Les ruraux n’arrivent pas à comprendre, voire confondent certains vocabulaires. « Voatavo », par exemple, a deux sens à Madagascar, littéralement citrouille dans la région des Hautes Terres Centrales, tandis que ce mot a un autre sens dans la partie nord, signifiant « la glande génitale de l’homme et des animaux mâles qui sécrète la testostérone et fabrique les spermatozoïdes par spermatogenèse ». Les sens varient selon la situation géographique. Demander le prix d’un « voatavo » au marché d’ Antsiranana peut irriter le marchand ! 

Comme toutes les langues des pays existant sur cette planète bleue, le malgache est un brassage linguistique. L’austronésien, l’arabe, le swahili, l’anglais et le français s’entremêlent dans une phrase. L’immigration des populations de diverses origines depuis le IXe siècle, dans la Grande-île, a laissé des traces immatérielles. Cependant, bon nombre de personnes ne savent pas d’où viennent les mots qu’elles prononcent au quotidien. 

Les refoulés. Bien entendu, la langue malgache a fait l’objet de recherches de linguistes, anthropologues, sociologues et historiens. Elle a fait couler beaucoup d’encre ! Ces chercheurs se donnent corps et âmes pour que leurs concitoyens comprennent la genèse, mais ceux-ci ne lisent pas les fruits des recherches publiées, ou pire, n’accordent aucun crédit à ce que les érudits malgaches avancent. Mais quand ce sont les télévisions étrangères qui réalisent des documentaires concernant les origines malgaches, ils restent scotchés devant leur poste téléviseur. Souvent, les portes du gouvernement se ferment lorsqu’un chercheur malgache demande du soutien. Les mêmes portes qu’il ouvre aux étrangers. Ce n’est pas étonnant si ces derniers dominent d’une manière générale le pays. 

Incompréhensible ? De même pour les écrivains, leurs livres ne se vendent pas dans leur pays natal. Disons que nul n’est prophète dans son pays. Rares sont ceux qui se font lire, exceptés les auteurs dont les œuvres sont imposées par le programme scolaire. Les Malgaches ne lisent-ils pas entre les lignes ? Pourtant, leur pays a forgé des plumes qui n’ont rien à envier à Shakespeare. Ici, il n’est pas question d’inciter les Malgaches à basculer vers ce qu’on appelle le nationalisme primaire, mais ces faits accablants nécessitent une réflexion profonde. La Grande Île regorge de talents, d’artistes de qualité, par contre, ses habitants sont hostiles aux produits « vita malagasy ». Les livres de leurs compatriotes sont rarement rangés dans les rayons des bibliothèques. Les librairies ne vendent pas les œuvres d’Emilson Daniel Andriamalala. Les récitations de Jean Narivony sont remplacées par Frère Jacques !

La francophonie, au cœur de la littérature malgache. Si les écrivains étrangers sont respectés, leurs homologues malgaches sont pointés du doigt et souvent considérés comme des drogués qui griffonnent n’importe quoi. Combien de nos compatriotes talentueux sont respectés dans la région du Sud-Ouest de l’Océan Indien ? Sans parler de Jean Joseph Casimir Rabearivelo et Jacques Rabemananjara qui ont hissé le drapeau malgache, la nouvelle génération a également posé sa pierre à l’édifice, David Jaomanoro, Cerveau Kotoson ne sont plus à présenter. Si des salles de la bibliothèque nationale portent le nom de ces illustres auteurs, c’est qu’ils ont consacré leur vie à la littérature. Ils ont légué un héritage aux futures générations. Même s’ ils écrivent en langue étrangère, leur idéologie demeure malgache. 

Iss Heridiny 

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