Peu mis en avant dans le système éducatif ou dans la tradition littéraire moderne contemporaine, Madagascar regorge d’auteurs qui méritent d’être évoqués, rien qu’une fois par an. D’autant que le pays célèbre, malgré une discrétion inhabituelle, le mois de la langue malgache. Bien loin de l’engouement, même ministériel, pour une journée, à la base française, concernant la « fête de la musique ».
Raphael Louis Rafiringa, l’acculturé béni
L’un des premiers auteurs de la littérature malgache est le catholique béatifié, Raphael Louis Rafiringa (1856 – 1919). Son combat pour la religion catholique a fait de lui un incontournable de cette religion à Madagascar. Il est donc presque normal que ses écrits tournent autour du religieux et du spirituel. Archétype de l’acculturé face à la « lumière et la paix apportée » par les envahisseurs, il a été balloté dans la guerre en sourdine entre les catholiques et les protestants à cette époque, dans les années 1860.
Rodlish, une star des plumes
Rodlish, ou Arthur Razakarivony dans le civil (1890 – ?), est l’auteur de la pièce « Sangy mahery », que le théâtre a perpétué jusqu’à aujourd’hui. Ecrite en 1933, elle a du succès auprès des tananariviens. A un tel point qu’elle a été récompensée par la Commune Urbaine d’Antananarivo, quinze ans plus tard, lors d’un concours. Sa plume possédait une vivacité et l’auteur maitrisait avec une finesse encore inégalée la mise en relief des personnages. Tout cela dans une ambiance romantique qui baignait cette période.
La guide de Jean Joseph Rabearivelo : Anja-Z
Anja-Z ou Esther Razanadrasoa (1892 – 1931) incarne la modernité, sous le vent des influences occidentales. Première femme malgache à être une rédactrice en chef d’un journal « Tsara hafatra », elle était plus connue pour ses poésies en français. Mais peu connaissent l’admiration que lui portait Jean Joseph Rabearivelo. Notamment dans son œuvre « Destin romantique dans la mer des Indes », dont voici un extrait : « J’étais à mes débuts lorsque j’eus connaissance d’Anja-Z… L’influence d’Esther, ses conseils généreux et sages devaient affermir ma foi poétique et m’aider puissamment à développer mes moyens littéraires ».
D’autres auteurs ne sont pas encore entrés dans cette liste. Vraisemblablement, l’époque actuelle est devenue problématique pour les écrivains malgaches. Difficulté à trouver des éditeurs, marché très limité, un style à adapter aux habitus et aux besoins du lecteur malgache actuel… Le défi, ces héros et ces héroïnes méritent un grand roman d’aventure.
Maminirina Rado