Jean Eric Rado Lalaina Rakotoarimanga (en photo), auteur de « La pauvreté made in Madagascar – 62 ans depuis l’Indépendance » (septembre 2022) est difficile à cerner. Diplômé de la faculté de médecine d’Antananarivo en 2001, ensuite de deux autres à l’université de Bordeaux II en prise en charge de VIH, l’hépatite chronique B&C et la médecine d’urgence.
Un crack de la santé. Pourtant, les 144 pages de son livre sont pourvues d’un certain humour, froid et réaliste. Dans le chapitre 3 de ce qui pourrait être un essai économique et sociopolitique, il démarre en trombe. « Premièrement, il semble que pour être président de la République à Madagascar, il faut d’abord prévoir l’asile politique à la fin du mandat ».
L’« essayiste » ne s’arrête pourtant pas à l’ère républicaine de la Grande Île, il s’immisce plus loin. À travers le passé monarchique avec un point de vue féministe. Sur les douze chapitres, il attaque alors le vif du sujet sur « Une île des reines ». « Pourquoi ces trois reines ont-elles successivement accepté d’épouser Rainilaiarivony ?… Ont-elles été contraintes ? Et si oui, pour quelles raisons ? ».
L’ouvrage se poursuit alors sur une appréciation des cinq présidents élus successifs malgaches. Didier Ratsiraka, qui au crépuscule de sa vie a déclaré la fameuse phrase, « Réveillez-moi lorsque Madagascar sera riche ». Un aveu de désespoir selon Jean Eric Rado Lalaina Rakotoarimanga. Zafy Albert, le « trop gentil, trop serviable… ».
Marc Ravalomanana incarne l’ambiguïté politique en cette année 2022. Politicien efficace mais businessman avide durant ses mandats, son côté « proche du peuple » est resté jusqu’à maintenant. Hery Rajaonarimampianina et ses « 43 millions de dollars pour sa campagne électorale », sauf qu’il a été le plus pacifique de tous.
Andry Rajoelina, « Madagascar plonge dans la misère totale ». Cette phrase suffit à résumer cette partie consacrée à l’actuel président de la République. Il se félicite, cependant, d’avoir osé braver les vents contraires et les critiques internationaux avec le CVO durant la crise Covid. Une victoire pour le pays en quelque sorte.
Cette orientation posée, Jean Eric Rado Lalaina Rakotoarimanga reprend sur le Malgache face à lui–même. Poursuit sur l’exode des cerveaux. Un chapitre est consacré à la religion, notamment, les sectes. « Pour ces fidèles, adhérer à ces cultes peut être associé à un syndrome occupationnel », souligne l’auteur.
Les derniers chapitres s’étalent sur la corruption et la sécurité, de rappeler le rang de Madagascar en termes de puissance Madagascar selon le site américain Global Fire Power, 125e sur 138 pays. De quoi réjouir les « dahalo » et les malfaiteurs en tout genre du pays. Au final, il pose la question : « La population est-elle condamnée à rester pauvre ? ».
Maminirina Rado