Si le livre « Ny fanagasiana » (1974) de Edmilson Daniel Andriamalala sort en ce mois de juin, de surcroît mois de la langue malgache, nul ne sait s’il aura du succès et quelques déboires juridiques ou si l’ouvrage passera dans l’indifférence générationnelle. Pourtant visionnaire en avance sur son temps, l’un des plus grands écrivains malgaches se lâche dans une écriture simple et directe. « Parce que les plus puissants… n’ont pas pensé à développer les siens (du même groupe humain qu’eux), mais sont complices avec ses étrangers pilleurs de richesse ». Un véritable camouflet aux élites déchues et valets du néo-colonialisme de l’époque post mai 72, reste à savoir si ces propos correspondent encore à la situation actuelle à Madagascar. Assez violent dans les invectives, l’auteur n’en demeure pas moins lucide. « C’est par la loi qu’on a détruit petit à petit notre identité malgache. Alors, c’est obligé que ce soit par la loi qu’on rétablisse (notre) droit et (notre) sacralité, la seule voie reste le fanagasiana ». Les trois points clés de sa « vision politique » sont la langue, normal pour tout défenseur du malgache qui se respecte, l’économie et la posture mentale, une « malgachitude » assumée. « Ny fanagasiana » est le passage obligé de dizaine de milliers d’étudiants depuis au moins cinq chef d’Etat élus. Il a sans doute été le seul écrivain malgache à avoir pensé, sur le plan politique, à l’avenir de Madagascar. Loin de la complaisance de certaines autrices et auteurs d’aujourd’hui, les composants du schéma qu’il a proposé pourraient être aujourd’hui contestables. Avancées technologiques, bouleversements géopolitiques plus étriqués sur le temps, mondialisation à outrance… Par ailleurs, son aspiration citoyenne et son engagement intellectuel pour le bien de son pays et de ses compatriotes sont immuables.
Maminirina Rado