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jeudi, novembre 21, 2024
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Dr Fabrice Lollia : « L’Océan Indien peut devenir un hub mondial de la technologie  du numérique »

Le Dr Fabrice Lollia est convaincu du potentiel de l’Océan Indien pour devenir un centre mondial de la tech et du numérique (Lollia)

Dr Fabrice Lollia : Expert en technologie de l’information et de la communication, le Dr Fabrice Lollia qui est récemment intervenu lors de la conférence à la FIM nous donne ses avis sur les atouts de l’Océan Indien pour devenir un hub mondial de la technologie. Interview.

Dr Lollia, vous avez exposé lors d’une conférence que vous avez animée à la Foire Internationale de Madagascar que l’Océan Indien à le potentiel de devenir un  hub technologique et numérique, pourriez-vous nous expliquer pourquoi cette région suscite-t-elle tant d’intérêt actuellement ?

Dr Fabrice Lollia : « Absolument. L’Océan Indien est actuellement en pleine métamorphose. Autrefois perçue principalement comme une zone de défis, elle se révèle aujourd’hui comme un réservoir d’opportunités, notamment dans les secteurs de la technologie et du numérique. Des pôles comme Antananarivo deviennent des centres névralgiques où incubateurs et startups foisonnent, révélant un potentiel considérable pour la région ».

Quels sont les principaux atouts de l’Océan Indien pour devenir un hub mondial de la tech, selon vous ?

« La région bénéficie d’une position géographique stratégique, car elle fait le lien entre l’Asie, l’Afrique et l’Australie, ce qui est idéal pour le commerce et les échanges technologiques. Elle possède également une population jeune et une urbanisation croissante, en plus des investissements en cours dans les infrastructures, notamment les réseaux de fibre optique ».

Quels sont les principaux défis à surmonter pour réaliser ce potentiel ?

« Les défis sont nombreux et variés. Nous faisons face à des disparités importantes en matière d’infrastructure, d’éducation et de formation technologique, sans oublier les disparités géographiques. Prenons le cas de Madagascar, où 80 % de la population vit en zone rurale et où le taux de pauvreté reste élevé, ce qui crée une fracture numérique marquée. Ces inégalités géographiques et économiques limitent l’accès aux technologies et aux opportunités qu’elles peuvent offrir. En outre, les enjeux de sécurité et de confidentialité des données sont cruciaux pour attirer les investisseurs étrangers. Malheureusement, tous les États membres de la Commission de l’Océan Indien n’ont pas encore mis en place une stratégie nationale de cybersécurité ou une équipe nationale d’intervention en cas d’urgence informatique. Mais les disparités ne s’arrêtent pas là. Certains pays comme Maurice, affichent un taux de pénétration de l’Internet de plus de 80 % et un accès généralisé aux services numériques essentiels. Cela contraste fortement avec d’autres régions où le développement de l’infrastructure numérique reste en retrait, bien que des pays comme les Seychelles et le Rwanda aient réalisé des progrès notables. Ce tableau contrasté montre bien l’hétérogénéité de la région en matière de développement numérique, ce qui nécessite une approche adaptée à chaque contexte pour surmonter ces défis ».

Vous avez évoqué la « société de l’information » mentionnée par Sylla en 2008. Pourriez-vous développer sur ce point ?

« Absolument.  Les recherches de Sylla ( 2008) parle de l’émergence de la « société de l’information », où l’information devient un moteur de développement crucial.  Il faut comprendre que selon son niveau d’asymétrie, cette information peut engendrer divers types d’inégalités entre les acteurs. Je le rejoins totalement sur le fait que : « Derrière la prospérité des nations, il y a l’information ; derrière leur pauvreté, il y a l’absence d’information. » Pour un développement durable, une société civile saine et une production intellectuelle authentique, l’accès et la distribution équitable de l’information sont essentiels. Adapté à la réalité de Madagascar, on comprend déjà beaucoup de choses… »

Vous avez mentionné l’importance des écosystèmes innovants, notamment à Antananarivo. Comment ces écosystèmes peuvent-ils transformer la région ?

« Ces écosystèmes sont cruciaux pour nourrir l’innovation et l’entrepreneuriat local. Ils permettent de développer des solutions adaptées aux réalités locales et de connecter la région au réseau global de la technologie, favorisant ainsi un échange de connaissances et de ressources. Chaque pays a aussi ses propres solutions. D’ailleurs, les récentes recherches de Barbara Razafindrabe (2023) sont très intéressantes sur ce sujet. Ils mettent en lumière les facteurs influençant la réduction de la fracture numérique à Madagascar et le rôle essentiel des technologies de l’information et de la communication dans le développement économique du pays. »

En conclusion, quel avenir envisagez-vous pour l’Océan Indien dans le domaine numérique et technologique ?

« L’Océan Indien a une opportunité historique de se positionner comme un centre mondial de la tech et du numérique. Cela nécessite des investissements stratégiques, une vision claire et une coopération régionale accrue. Si nous parvenons à adopter des politiques qui favorisent une accessibilité technologique plus large et plus équitable, et que nous prenons en compte les recherches scientifiques pertinentes, je suis très optimiste quant à l’avenir de la région, où la technologie rimera avec opportunités pour tous ».

Propos recueillis  par R.Edmond.

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