
Seules dix familles d’environ 30 personnes habitent actuellement les logements sociaux d’Iarinarivo-Ambohidratrimo. Le reste a préféré trouver refuge ailleurs.
Un an et quelques jours après le glissement meurtrier survenu au mois de février 2019 à Ampamarinana, et l’ordre formel pris en conseil des ministres du 3 février 2019 pour les concernés de quitter les lieux et de s’installer provisoirement au village Voara et dans les logements sociaux d’Iarinarivo-Ambohidratrimo, les questions se posent au sujet des familles victimes de ce drame. Si certains ont préféré reconstruire leur vie dans d’autres quartiers de la ville des Mille, d’autres (surtout les propriétaires) ont rejeté l’idée de quitter leurs maisons. Une partie des sinistrés, quant à eux, ont opté pour l’évacuation vers des sites d’hébergement proposés par l’Etat. Et pour ceux-ci, la vie ne serait pas toujours rose. Une descente expresse à Iarinarivo-Ambohidratrimo a permis de voir de premier abord que la cité destinée à les « accueillir temporairement » est quasi déserte. Interrogé sur la situation qui prévaut sur les lieux, Ratojonirina Pierre Jean, chef du Fokontany d’Amboasary, Commune Iarinarivo, district d’Ambohidratrimo, a fait savoir « il y a, tout au plus, dix familles composées de trente personnes dans la cité ». Ce chef du fokontany d’Amboasary de poursuivre « les gens sont venus nombreux après l’ordre d’évacuation. Mais ils ont décidé de déserter ce campement d’accueil à cause de sa distance d’avec leurs lieux de travail et des difficultés liées au transport ».
Quotidien. La situation est confirmée par Rakoto (nom d’emprunt), père d’une famille déplacée vers les logements sociaux d’Iarinarivo. « Nous devons quitter à quatre heures du matin pour espérer arriver à l’heure à Antananarivo ville pour le travail, si on ne veut pas être en retard », avance notre interlocuteur. Les difficultés sont nombreuses pour les familles qui habitent les logements sociaux d’Iarinarivo-Ambohidratrimo. Le transport viendrait en premier lieu. « Seul un bus assure la desserte Iarinarivo – Ambohidratrimo ville. Il est vrai que des tuk-tuks assurent la liaison entre notre commune et le chef-lieu du district mais le souci c’est que les horaires de ces véhicules et leurs fréquences d’arrivée ne correspondent pas forcément aux besoins des sinistrés », a expliqué Ratojonirina Pierre Jean, chef du fokontany d’Amboasary. Viendrait ensuite l’accès au marché. « Il faut parcourir cinq kilomètres pour se rendre au marché le plus proche, soit à Ambohidratrimo. Ce qui n’est pas évident pour les mères de famille habituées à la vie dans les grandes villes », déplore Rakoto. Les difficultés seraient également ressenties par les enfants. « Ma petite fille était inscrite dans une école située en centre-ville à Antananarivo lorsque la catastrophe est survenue. Comme l’évacuation était imminente, ses parents ont dû louer une maison en ville pour que la petite finisse son année scolaire. Maintenant, se trouvent dans l’obligation de l’inscrire à Ambohidratrimo. C’est plus près par rapport à Tanà ».
José Belalahy