
Le projet de loi de finances initiale (PLFI) 2026 a été présenté à l’Assemblée nationale hier, en séance plénière. Les travaux de commission sont en cours, pour étudier ce projet de loi aligné à la Politique générale de l’État pour la refondation (PGER).
Sobriété budgétaire ! C’est le maître-mot qui s’affiche en filigrane dans le PLFI 2026, dont l’équilibre général est fixé à 26 799,7 milliards d’ariary. Derrière la formule, un choix assumé est mis en avant par le ministre Dr Herinjatovo Ramiarison, lors de la présentation du projet de loi : « chaque ariary dépensé doit produire un impact mesurable, soit sur la qualité de vie de la population, soit sur la croissance économique. Le gouvernement entend concilier des besoins parfois contradictoires – attentes sociales fortes et exigences du secteur privé – en misant simultanément sur la mobilisation accrue des recettes et une priorisation stricte des dépenses ». Sur le plan macroéconomique, la croissance est projetée à 4,8 % en 2026, portée par un secteur primaire dynamique (+6,4 %), notamment grâce à l’intensification agricole et à l’aménagement de nouvelles superficies rizicoles. Le tertiaire resterait bien orienté (+6,1 %), tiré entre autres par l’hôtellerie-restauration (+15 %) dans le sillage de la reprise des vols internationaux. Le secondaire, lui, progresserait de 3,3 %, soutenu par les grands chantiers d’infrastructures et les matériaux de construction. L’inflation moyenne est attendue à 7,1 %, tandis que les crédits à l’économie augmenteraient de 14,8 %.
Rationalisation
Côté recettes, l’État vise 6 221,7 milliards d’ariary de recettes fiscales en 2026, contre un atterrissage projeté à 5 101,3 milliards en 2025. Cette hausse repose sur des mesures législatives, la rationalisation des dépenses fiscales et des actions administratives supplémentaires, pour un effort global de plus de 266 milliards d’ariary. La TVA reste la première source de revenus (30,9 %), devant l’impôt sur les revenus et l’IRSA. En parallèle, les recettes douanières sont attendues à 5 026 milliards d’ariary, avec un renforcement du contrôle, une meilleure prise en charge des marchandises en transit et une mise en cohérence du cadre juridique avec les recommandations de l’Organisation mondiale des douanes.
Priorisés
Sur le volet dépenses, le budget général atteint 15 784,3 milliards d’ariary, en hausse de 9,5 % par rapport à 2025. La marge de manœuvre est concentrée sur l’investissement et les services essentiels : 646 milliards d’ariary pour l’énergie (transition vers les renouvelables et redressement de la JIRAMA), 140 milliards pour l’accès à l’eau potable, 89 milliards pour la santé avec revalorisation des indemnités de risque et création de 500 postes, 75 milliards pour l’Éducation nationale et 34,5 milliards pour l’enseignement supérieur, avec 9 000 postes budgétaires pour les enseignants du primaire et secondaire et 100 pour l’université. Des moyens sont également prévus pour la formation professionnelle, la sécurité, l’agriculture et la pêche, ainsi que pour l’entretien et la construction de routes (440 milliards). Enfin, le budget intègre une revalorisation générale des salaires, une hausse des pensions et des transferts renforcés vers les collectivités territoriales décentralisées, tout en affichant un objectif de baisse tendancielle des charges courantes au profit de l’investissement. Le déficit sera principalement financé par des emprunts extérieurs et des appuis budgétaires, avec un amortissement de la dette de plus de 1 200 milliards d’ariary. Un pari assumé : celui d’un État plus sobre dans son fonctionnement, mais plus offensif sur l’énergie, l’eau, l’éducation et l’emploi.
Antsa R.





