
Le prochain Président élu héritera visiblement d’un contexte économique relativement favorable.
Préservation de la stabilité macroéconomique, amélioration de la vie de la population, revitalisation du climat des affaires et la promotion des investissements, y compris les investissements directs étrangers (IDE). Tels sont les maîtres-mots de la Loi de finances 2019, présentée hier en séance plénière à l’Assemblée Nationale. Une session marquée, une fois de plus par l’absentéisme des députés puisqu’ils n’étaient qu’une cinquantaine à y avoir assisté.
Contexte postélectorale. Et pourtant, l’enjeu est de taille puisqu’il s’agit d’une loi qui déterminera les conditions de développement économique en 2019. Une période où un nouveau Président de la République va diriger le pays. « L’enjeu pour le pays dans ce contexte postélectoral est de résorber les tensions sociales et politiques afin d’instaurer un climat apaisé et propice à l’expansion économique. Le peuple aspire à un avenir meilleur à travers une plus grande prospérité dans le pays, une réduction de la pauvreté et une harmonie dans le processus de développement », peut-on notamment lire dans l’exposé des motifs de cette loi de finances à travers laquelle l’exécutif malgache entend relever le défi de la croissance économique. « Plusieurs défis demeurent et les actions publiques doivent redoubler d’efforts afin de capitaliser les acquis. L’année 2019 sera également marquée par l’achèvement dans la mise en œuvre du Plan National de Développement (PND). Les programmes resteront axés sur la préservation de la stabilité macroéconomique, l’amélioration de la vie de la population, la revitalisation du climat des affaires et la promotion des investissements, y compris les investissements directs étrangers (IDE) ».

Stabilité des prix. Rappelons que la croissance prévue pour 2019 est de 5,2%. Cette croissance se manifestera notamment par la stabilité des prix. « La maîtrise de l’inflation joue un rôle clé dans la préservation de la stabilité macroéconomique du pays. Pour 2019, les autorités comptent maintenir le taux d’inflation à un chiffre, via les instruments de la politique monétaire (taux directeur, coefficient de réserves obligatoires, les opérations de refinancement ou de reprises de liquidité) et les mesures d’interventions sur l’offre domestique en cas d’occurrence de chocs. En termes de glissement annuel de moyenne et de fin de période, les taux d’inflation attendus seraient respectivement de 7.2% et 6.8%, soit des baisses respectives de 0.3 point par rapport à 2018. Cette situation sera favorisée essentiellement par la continuité des bonnes perspectives au niveau de la production rizicole locale et en Asie observées depuis le second trimestre 2018. Source principale de la forte inflation au cours de l’année 2017 et représentant une part importante dans le panier de la ménagère (63.5% des biens de consommation), le prix du riz joue un rôle prépondérant dans la stabilisation du niveau général des prix à Madagascar. Hormis l’effet-prix, le recul de l’accroissement de la masse monétaire attendu en 2019 comparativement à 2018, contribuera également à la baisse de l’inflation. En effet, la variation de la monnaie en circulation (M3) passera de 13.4% en 2018 à 13.0% en 2019, et ce, malgré les envolées spéculatives sur les cours de la vanille ».
Dépendance. En 2019, l’Ariary se dépréciera par rapport aux principales devises. La situation économique actuelle, spécifiquement le creusement continu du déficit de la balance commerciale, la dépendance de Madagascar vis-à-vis des aides extérieures, ainsi que l’essor du Dollar américain au niveau du commerce international, en sont les principales causes. Cette dépréciation de la monnaie locale sera tout de même limitée par l’accumulation d’importantes réserves de change attendue sur les exportations de vanille et de produits manufacturés, ainsi que les décaissements des aides budgétaires prévus pour l’année 2019. De plus, la Banque Centrale de Madagascar prévoit de réaliser un effort supplémentaire de +146 millions de DTS à titre de réserves officielles par rapport à 2018, ramenant à 1 272 millions de DTS le cumul des réserves comptabilisées, soit 4 mois d’importations en biens et services. Elle interviendra également sur le marché interbancaire de devises (MID) pour lisser les fluctuations marquées des taux de change, et utilisera de nouveaux outils de politique monétaire en vue de garantir l’efficacité et l’efficience de la politique de change. Ainsi, les cotations prévisionnelles en fin de période 2019 sont de 5 025 ariary pour le DTS et de 3 444 ariary pour le Dollar US en termes de glissement annuel, soit respectivement en hausse de 4.4% et 3.7% comparées aux estimations en décembre 2018.
Infrastructures. L’Etat continuera par ailleurs à investir dans la mise en place d’infrastructures structurantes. Depuis l’année 2017, le taux de l’investissement global par rapport au PIB présente une allure à la hausse allant de 18.9% en 2017, à 20.0% en 2018. Cette tendance s’observera par une expansion jusqu’à 21.6% du PIB en 2019. Cette hausse continue des investissements affirme la volonté de l’Etat à asseoir une croissance économique sur des bases solides. En analysant les composantes de l’investissement global, l’investissement public suit la même tendance que ce dernier : une évolution positive de 2017 jusqu’en 2019. Ce taux atteignait 5.4% en 2017 et sera à 8.3% du PIB en 2019. Des dépenses en infrastructures structurantes ont été réalisées en effet dans le secteur agricole, mais également dans le secteur secondaire. Des projets de construction et de réhabilitation de routes et d’infrastructures de production agricole, tels que les barrages, ont été réalisés. De même, des efforts sont menés sur l’accessibilité des intrants pour les paysans. Quant au secteur industriel, les dépenses en faveur des infrastructures énergétiques et du désenclavement sont des priorités de l’Etat afin de répondre aux besoins des entreprises locales et étrangères. Des effets multiplicateurs, générés par les réformes sur l’investissement, sont escomptés sur la croissance économique et sur la réduction de la pauvreté. La réalisation de tous ces objectifs pourrait réduire le déséquilibre de développement entre les régions.
Recueillis par R.Edmond.