
Il y a une incohérence entre les priorités de ces secteurs par rapport aux engagements nationaux et internationaux ainsi qu’aux documents de références sectorielles.
Le budget est un instrument qui permet au gouvernement de concrétiser ses actions pour le bien-être de la population malagasy et le développement du pays. Tout citoyen a ainsi le droit de regard sur cet instrument et le suivi budgétaire doit lui permettre d’influer sur la politique publique. Le Collectif des Citoyens et des Organisations Citoyennes (CCOC) a entre autres évoqué les différentes caractéristiques de la Loi des Finances 2016. « Il y a un non-respect des accords nationaux et internationaux signés par l’Etat », a dénoncé Lily Razafimbelo, représentante du CCOC lors d’un débat public qu’il a organisé sur le suivi budgétaire concernant trois secteurs prioritaires à la « Tranom-pokonolona » à Analakely hier.
Incohérence. Ces trois secteurs de base concernent l’éducation, la santé et le développement rural. Selon le constat de cette société civile, il y a une incohérence entre les priorités de ces secteurs par rapport aux engagements nationaux et internationaux ainsi qu’aux documents de références sectorielles. « Les proportions de crédits accordés à ces trois secteurs n’ont cessé de diminuer entre 2011 et 2016 et s’éloignent de ces engagements », a-t-elle poursuivi. Pour l’éducation, Madagascar a adhéré à l’initiative « Partenariat Mondial pour l’Education » avec l’engagement spécifique de consacrer 20% de ses dépenses totales à ce secteur. Mais l’Etat a plutôt révisé à la baisse la part du budget allouée à l’Education passant de 19% en 2012 à 17% dans le cadre de la Loi des Finances 2016. Parlant de la Santé, l’Etat doit affecter au minimum 15% de son budget à ce secteur, selon la Déclaration d’Abuja mais il n’y a consacré que 5,65% de ses dépenses totales. Quant au développement rural, il n’y a que 5,7% du budget alloué à ce secteur au lieu de 10% selon les Déclarations de Maputo et de Malabo que Madagascar a signées.
Défi. Le CCOC recommande ainsi à l’Etat de réaménager le budget en opérant des coupes sur les secteurs moins prioritaires et en reversant les marges de dépenses ainsi dégagées à ces trois secteurs prioritaires. Plus précisément, il faut, entre autres, assurer la gratuité effective de l’Education, conformément à l’article 24 de la Constitution, en allouant un budget suffisant pour le fonctionnement des écoles, notamment à travers le transfert pour les caisses-écoles », selon ses dires. Pour le secteur de la santé, « l’Etat relève le défi de mettre en place une couverture santé universelle et ce, avec un service de soin de qualité. Pour commencer, ce projet sera mis en œuvre à Andranofeno et dans le sud cette année. A part les mères et les enfants, les personnes âgées seront également prises en charge », a évoqué Dr Marcellin Randriamanantena, Représentant du ministère de la Santé lors de ce débat public. Quant au développement rural, « la solidarité et l’implication de toutes les parties prenantes s’avèrent primordiales. En effet, il faut redynamiser tous les secteurs contribuant au développement rural », a soulevé Philibert Rakotoson, Représentant du ministère de l’Agriculture.
Allocation des ressources. Par ailleurs, le CCOC a constaté que la société civile n’est guère impliquée et consultée dans le processus budgétaire bien que le budget doive traduire les préoccupations des citoyens. « Toutefois des ouvertures sont signalées pour ne citer que la publication du budget des citoyens en 2015 par l’Etat. La direction générale du Budget travaille également en partenariat avec le CCOC pour faire connaître davantage les réalisations budgétaires à tous les contribuables. Nous, la société civile, pouvons aussi participer à la revue trimestrielle de l’exécution budgétaire. En outre, une meilleure allocation des ressources aux collectivités territoriales décentralisées est indispensable pour qu’il y ait des impacts directs sur la population car plus de 60% du budget sont concentrés au niveau central », a conclu Lily Razafimbelo.
Navalona R.