L’échéance de 2018 se rapproche de plus en plus. Et à un peu moins de neuf mois de la tenue du premier tour de l’élection présidentielle, la stratégie de l’équipe du président actuel se précise et les prévisions des analystes sont en train de se vérifier. Le pouvoir va faire passer les projets de lois électorales qu’il a préparés au Parlement. Pour les hommes politiques n’étant pas proches du régime et les représentants de la société civile, il s’agit ni plus ni moins que d’une sorte de passage en force pour imposer les vues du régime.
Lois électorales : la pratique du fait accompli
Le précédent épisode que tout le monde aime rappeler est cette adoption par le Parlement du Code de la Communication présenté par le ministère de la Communication sensiblement différent du projet préparé par toutes les parties prenantes lors d’un atelier à Antsirabe. La loi fut alors votée sans discussion par une vingtaine de députés présents. Le tollé qui s’ensuivit dans le monde de la presse n’a rien changé. Le régime, fidèle à sa ligne de conduite, a avancé des propositions destinées à faciliter ses démarches en vue de l’élection présidentielle de 2018. Le débat provoqué par le projet d’une révision de la Constitution provoqua une levée de bouclier telle qu’il commença à hésiter, mais la désapprobation de la communauté internationale le poussa à l’abandonner. Il a donc changé son fusil d’épaule et l’élection à la présidence du Sénat de Rivo Rakotovao, le président du HVM, a permis de verrouiller le système. Même si le président de la République ne l’a pas encore annoncée officiellement, sa candidature ne fait aucun doute. Tous les déplacements qu’il effectue ces derniers temps montrent qu’il veut marquer les esprits. Les inaugurations de toute sorte et les promesses faites en vue de 2018 s’apparentent à la réalisation d’un programme bien établi. La précampagne est bien enclenchée. Mais la stratégie élaborée par ceux qui entourent le président doit continuer à être appliquée. Ce sont donc les lois électorales qu’ils ont préparées qui vont passer à l’Assemblée. Aucune concertation n’a eu lieu avec les hommes politiques et les représentants de la société civile. Le pouvoir affirme que l’occasion leur sera donnée au Parlement de présenter leurs propositions lors du débat qui va avoir lieu. Mais fort des expériences passées, ces derniers ne cachent pas leur scepticisme et redoutent d’être mis devant le fait accompli.
Patrice RABE